CŒUR DE PIRATE: «Je suis devenue chanteuse par accident»

 

GUIDO: Tu as toujours baigné dans un milieu musical, depuis ta plus tendre enfance…
Béatrice: En effet, j'ai grandi dans un milieu très musical, avec une mère pianiste qui m'a poussé dès l'âge de trois ans à me mettre au piano. Et je n'ai plus arrêté depuis. Vers quatorze ans, j'en ai eu un peu marre, je n'avais plus envie de répéter pendant deux heures après les cours. J'ai donc fait une pause avant de reprendre quelques années plus tard.

 

GUIDO: Tu as passé quelques années de ta vie au Conservatoire. Que retiens-tu de cette expérience?
Béatrice: Tout mon bagage classique vient de là. Une certaine rigueur aussi. Ils développent là-bas un grand sens de la responsabilité qui est resté ancré chez moi, encore maintenant, et qui m'aide encore beaucoup quand je dois répondre à des interviews ou faire de la musique.

GUIDO: A partir de quand as-tu commencé à écrire tes propres textes?
Béatrice: C'est un peu arrivé par accident. Je n'ai jamais vraiment voulu devenir chanteuse. Je sortais alors d'une rupture difficile qui a été l'élément déclencheur. Même si je n'aime pas trop donner de crédit à cette rupture, c'est elle qui m'a poussé à franchir le pas. J'écrivais alors pour le plaisir et j'enregistrais dans ma chambre des mini démos de rien du tout. Ma sœur a entendu les chansons et m'a encouragé à les mettre sur Internet.

 

GUIDO: De quoi parlent tes textes?
Béatrice: Ce disque parle surtout de mon adolescence, des conceptions idéalistes quand on a à cet âge-là. A quel point on ressent les choses à la puissance mille, à quel point c'est intense.

 

GUIDO: Malgré tes 19 ans, on sent une certaine forme de maturité dans tes textes. On n'a même pas l'impression d'entendre une chanteuse de cet âge-là.
Béatrice: Ah oui, pour vrai? (ndlr: en canadien dans le texte!) C'est cool. Je n'y ai jamais vraiment pensé et je ne me considère pas comme mature non plus. J'ai eu du vécu à raconter, ceci explique peut-être cela.

 

GUIDO: Si tu devais décrire ta musique, comment le ferais-tu?
Béatrice: Ma musique est un mélange de tout ce que j'ai pu écouter dans ma vie, mais ça reste de la pop. Si je devais la décrire, je dirais que ça ressemble à la couleur rose. Un mélange de rouge et de blanc. Le rouge étant le négatif et le blanc plus positif.

 

GUIDO: Après avoir posté tes chansons sur MySpace, tout s'est rapidement enchaîné…
Béatrice: C'est clair que si MySpace n'avait pas existé, personne ne me connaîtrait actuellement. D'un autre côté, tout a été très vite, j'ai pris un sacré coup de vieux! Je ne peux pas encore vivre pleinement mes 19 ans aujourd'hui et ça me fait chier!

 

GUIDO: Je suppose que tu as rapidement dû tirer un trait sur tes études…
Béatrice: J'ai quand même fini mon cégep (ndlr: la formation pré-universitaire au Québec). Evidemment, j'attends maintenant avant d'entrer à l'université. Je veux vraiment y aller, c'est très important pour moi.

GUIDO: Tu as été rapidement propulsée sur le devant de la scène au Québec. Ce succès fulgurant est-il facile à gérer?
Béatrice: ça a été assez difficile au début. J'étais une adolescente carrément invisible qui se retrouve d'un seul coup placardée dans le métro. C'est un peu dur sur le coup, mais ensuite on n'a pas le choix, on s'habitue à cette nouvelle vie. Au Québec, les gens sont très respectueux, je peux donc encore prendre le métro ou m'acheter des fringues tranquillement.

 

GUIDO: Sur l'album figure un duo avec Julien Doré. Comment est née cette collaboration?
Béatrice: J'étais fan de Julien Doré avant même de sortir mon album au Québec. Je l'ai découvert quand Perez Hilton (ndlr: un blogueur américain) en a parlé sur son site Internet. Ensuite, quand il a été question d'enregistrer un duo avec un artiste français pour la sortie en France, son nom est ressorti. J'étais donc assez motivée. La rencontre s'est super bien déroulée, c'est un mec très cool, sympathique, hyper humain. Au final, ça a donné un super duo.

 

GUIDO: Tu parlais de Perez Hilton. Qui a posté un billet te concernant sur son site Internet. On réagit comment à ce type de nouvelle?
Béatrice: C'était en plus un des seuls jours où je n'avais pas consulté son site. Perezhilton.com est un peu mon guilty pleasure, j'adore ce site. Plein d'amis m'ont ensuite appelé pour me dire qu'il avait aimé une de mes chansons. J'étais folle de bonheur, surtout que c'est très rare que des artistes francophones se retrouvent sur son blog.

 

GUIDO: Il y a un décalage entre tes chansons et le look que tu dégages, notamment à cause de tes nombreux tatouages. En es-tu consciente?
Béatrice: J'en suis consciente, oui, mais ce n'est pas calculé. Je peux te citer des tas d'artistes qui sont tatoués et qui font le même genre de musique que moi. Un mec par exemple qui fait de l'acoustique et est tatoué jusqu'au cou!

 

GUIDO: Tu n'avais pas fait beaucoup de concerts avant d'être signée sur ton label. Comment se sont déroulés tes premiers contacts avec la scène?
Béatrice: Au début, j'étais toute gênée, je n'osais pas parler avec le public. J'ai vraiment appris sur le tas. Durant les concerts maintenant, je suis portée par une sorte d'énergie que je ne comprends pas. Jouer en live donne l'occasion de montrer qui on est vraiment.

 

GUIDO: A quoi ressemble un set de Cœur de Pirate?
Béatrice: ça dépend, je peux très bien être entourée d'un band comme au Québec ou seulement d'un guitariste comme pour les Nuits Botanique par exemple. J'essaie de faire en sorte de représenter l'atmosphère du lieu. Quoiqu'il arrive, je prends toujours du plaisir à parler avec les gens lors de mes concerts, à faire des blagues avec eux, je trouve cela très important.

 

GUIDO: Pour les Ardentes, sais-tu déjà l'ambiance que tu vas privilégier?
Béatrice: Je vais essayer de venir avec mon groupe, j'espère en tout cas. Mais je ne suis pas la seule à décider, cela dépend de beaucoup de facteurs.

 

GUIDO: As-tu déjà des idées concernant le prochain album?
Béatrice: Evidemment, j'y pense déjà. Ce sera très différent de celui-ci. Naturellement, ça parlera toujours de l'amour, des trucs qui font chier. Je compte encore grandir dans mes compositions, mes chansons. C'est clair que j'écris tout le temps et il m'arrive même de jouer quelques nouvelles chansons sur scène.