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25/12/2006

ERIC DE STAERCKE: «Etre meilleur, en théâtre, ça ne veut rien dire du tout»

Si Eric De Staercke s'est surtout fait connaître avec la Ligue d' Impro , il est désormais un metteur en scène à succès et un acteur de théâtre chevronné. Celui-ci dispense son savoir aux étudiants en théâtre de l'IAD (Institut des Arts de Diffusion) à Louvain-la-Neuve.

Nous l'avons donc intercepté à la sortie de l'un de ses cours afin de connaître les méthodes de cet enseignant hors du commun.

GUIDO: Vous avez toujours eu envie de jouer la comédie?
Eric De Staercke
: Après des études secondaires un peu difficiles, je me suis dit que je ne ferais plus que ce dont j'ai envie. Et ce dont j'avais envie, c'était le théâtre. Je n'avais pas fait d'école, de conservatoire ou d'académie avant d'entrer à l'IAD, mais j'ai quand même réussi l'examen d'entrée. Armand Delcampe m'a alors dit: «Je te prends jusqu'en décembre à l'essai». Je suis donc arrivé à l'IAD en 1981.

«Je considère mes étudiants comme des professionnels»

GUIDO: Quelle était l'ambiance entre les étudiants à l'époque?
Eric De Staercke
: C'était la fête perpétuelle. Humainement, c'était un bain de jouvence, c'était exactement ce à quoi j'aspirais alors sans savoir si j'allais un jour devenir acteur. Je ne comptais pas mes heures, c'était vraiment du pur plaisir.

GUIDO: Vous aviez déjà l'ambition de devenir professeur à l'époque?
Eric De Staercke
: Je n'y ai pas pensé une seule seconde. Cependant, quand on fait du théâtre, on a envie de le partager. Ici, en Belgique, on est dans l'artisanat. Ce qui compte, c'est donc la pièce en elle-même et non le narcissisme, le fait d'avoir sa tête sur les affiches. A la fin de ma deuxième année, je travaillais avec des enfants. Et forcément, ce que j'apprenais à l'IAD, je leur retransmettais, par des ateliers, des jeux, … Petit à petit, les enfants ont grandi, j'ai commencé à travailler avec des ados pour finalement donner cours à des adultes. J'ai alors été engagé comme professeur à l'Ecole du Cirque afin de mettre en scène leurs numéros. On m'a ensuite appelé pour devenir prof d'improvisation à l' IAD .

GUIDO: Comment appréhendez-vous vos cours?
Eric De Staercke
: Je n'ai pas une façon traditionnelle de donner cours. C'est-à-dire que les étudiants ne viennent pas une fois par semaine à mon cours, j'ai resserré mes leçons en blocs, je viens donc donner cours pendant trois mois. Je monte une pièce complète avec eux. Je considère donc mes étudiants comme des professionnels quand je les mets en scène.

GUIDO: On note une nette prédominance de filles dans l'option théâtre de l' IAD.
Eric De Staercke
: Si la place de la femme dans la société a peut-être évolué, l'écriture théâtrale n'a pas vraiment subi de changements majeurs. En première, il y a une proportion de quatre filles pour un mec alors que dans la profession, on retrouve un rôle de femme pour trois rôles d'hommes. Et les femmes, bizarrement, n'écrivent pas spécialement pour les femmes.

GUIDO: Vous êtes en charge de sélectionner les acteurs de demain. Comment procéder pour ne garder que les meilleurs?

Eric De Staercke: Il y a un climat d'élitisme dans la société pour le moment, il faut garder les meilleurs. Et ça m'énerve énormément. Etre meilleur, en théâtre ou en cinéma, ça ne veut rien dire du tout. Quand on donne un Oscar, un César ou un Molière à un acteur, ça ne veut rien dire.

«Dans notre métier, le diplôme n'a pas d'importance»

GUIDO: La réputation de l'examen d'entrée à l'IAD n'est plus à faire.
Eric De Staercke
: Il y a un examen d'entrée assez difficile, mais aussi une sélection sévère en fin de première année. Cependant, il y en a qui échoueront en première année et deviendront comédiens alors que d'autres au terme de leurs quatre années études ne joueront jamais. On est dans un métier où le diplôme n'a pas d'importance. Moi-même, je pense qu'on ne m'a jamais demandé mon diplôme au cours de toute ma vie! Ce qui compte, c'est le rapport au public une fois sur scène. On s'en fout complètement que vous ayez eu la plus grande dis'! Ça explique le côté folklorique du métier, comme certaines personnes qui commencent la profession à quarante ans. Attention, il est toujours mieux de faire une école afin de perdre moins de temps, mais la vie réserve des surprises pour certains qui se lancent dans le théâtre après des autres études.

GUIDO: Quels rapports essayez-vous d'entretenir avec vos étudiants?
Eric De Staercke
: On est dans un rapport de travail, et non de copinage. On se dévoile quand même un peu avec eux quand ils viennent nous voir au théâtre, mais on doit rester professionnel et les recadrer quand il le faut.

GUIDO: Vous avez notamment suivi le Panach'Club ( www.panachclub.be ), une troupe composée d'anciens de l' IAD.
Eric De Staercke
: Ce genre d'initiative n'arrive pas souvent. Ils m'ont appelé et demandé de le faire et j'ai accepté. C'est une chouette équipe. C'est relativement rare, ils sont toujours tous ensemble.

GUIDO: Y a-t-il eu des stars dans votre auditoire au cours de ces années?
Eric De Staercke
: Marie Gillain. J'ai failli lui donner cours. Elle était à l'Ecole du Cirque, mais elle était déjà en partance pour son premier film avec Bertrand Tavernier. Elle n'a donc pas eu besoin de moi!

«L'improvisation, ça ne s'improvise pas!»

GUIDO: Dans vos cours, est-ce que vous laissez libre cours à l'improvisation?
Eric De Staercke
: L'improvisation, ça ne s'improvise pas! En première année, ce qui compte, c'est de pouvoir voir chaque étudiant individuellement afin de voir leurs éléments positifs et de les pousser au maximum dans ces zones-là. La première année est une année déclic, faut que ça bouge, que ça explose. A partir de la deuxième année, on travaille surtout l'interprétation et on les pousse à travailler la dramaturgie et la création artistique.

GUIDO: Quels sont les principaux conseils que vous donneriez aux acteurs de demain?
Eric De Staercke
: C'est peut-être idiot à dire, mais il faut bosser beaucoup. En Belgique, il est important d'être quelqu'un d'extrêmement souple. On prend en charge les loisirs des gens, du cinéma à la télévision en passant par le théâtre. Un comédien qui se dit qu'il est fait pour la tragédie et attend qu'on l'appelle a peu de chance de trouver du travail. Un acteur doit être disponible, gourmand, s'intéresser et aller au bout de ses projets. Ce qui compte, c'est de s'inventer.

GUIDO: Le théâtre est quand même un métier assez incertain…
Eric De Staercke
: Est-ce que l'incertain vient du fait que je ne sais pas de quoi je vais vivre ou de pourquoi je vais vivre. Certaines personnes sont sidérées de savoir qu'avec quatre enfants, je ne sais pas ce que je ferai dans six mois. C'est exact, je ne sais pas ce que je ferai, mais je sais pourquoi je le fais.

GUIDO: En quoi consiste votre examen?
Eric De Staercke
: Mon examen, c'est une pièce de théâtre, tout simplement. Un étudiant en théâtre va être critiqué toute sa vie. Nous profs, nous comédiens, on est des étudiants perpétuels, on passe des examens tout le temps. Quand on monte sur scène, on est automatiquement examiné. On doit intégrer et vivre avec la critique.

(SD)


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