Un voyage autour du monde avec le vice-champion du monde de kitesurf, Leander Vyvey
«Au Cap, nous avons surfé pendant trois jours dans la baie où un requin avait élu domicile. Quelle sensation cela procure!»: Leander Vyvey fait beaucoup d'envieux, car ce kitesurfeur de 20 ans a la chance d'aligner les destinations idylliques les unes après les autres et de réaliser de bonnes prestations en compétition. Pourtant, sa vie est-elle aussi belle qu'elle n'en a l'air? Et comment arrive-t-il à combiner ces voyages avec des études d'ingénieur commercial?
GUIDO: Quand as-tu attrapé le virus de la discipline?
Leander: J'avais sept ans quand j'ai surfé pour la première fois. Du windsurf. Ce n'est que quelques années plus tard que la passion a réellement commencé. Il m'arrivait souvent de voir des gens faire de la planche à voile ou du kitesurf, et c'est surtout ce dernier qui m'a paru spectaculaire. De retour à la maison, j'ai collecté des infos sur Internet avant d'acheter le matériel nécessaire au kitesurf. C'était du matériel bon marché, donc pas le meilleur. Désormais, il faut compter 1500 euros pour un pack de base de qualité.
GUIDO: C'est un sport assez nouveau, n'est-ce pas?
Leander: Il n'existe en effet que depuis quelques années. Je pense que cela fait huit à dix ans qu'il a été popularisé en Belgique, juste au moment où j'ai commencé à le pratiquer. J'étais donc un des premiers jeunes à apprendre le kitesurf. Depuis, le nombre de kitesurfeurs a grandi de façon exponentielle et la plage en est maintenant remplie. Ce n'est pas réellement difficile de commencer. Naturellement, une courte explication est nécessaire, pour ta propre sécurité, mais il est tout-à-fait possible d'y arriver tout seul après trois jours de cours. Le plus chouette, c'est la facilité avec laquelle on arrive à maîtriser la chose, contrairement au surf qui demande des années d'expérience pour rester correctement debout sur sa planche. Il ne faut même pas spécialement être en bonne forme pour faire du kitesurf.
GUIDO: Les conditions météorologiques sont-elles bonnes ici et les vagues assez hautes?
Leander: Je ne suis que deux mois par an en Belgique, juste pour les examens, je voyage donc à travers le monde pour participer à toutes les compétitions.
GUIDO: Quels ont été tes meilleurs résultats?
Leander: En juillet 2008, j'ai remporté la médaille d'or au championnat du monde en Italie, voici donc sans aucun doute mon meilleur résultat. Plus récemment, j'ai souvent été classé deuxième. Le championnat du monde se compose de dix manches dans chaque continent. Au Brésil, à Tarifa en Espagne, au beau milieu du désert marocain, en Afrique du Sud, … Des destinations superbes et des incroyables expériences, mais après l'été, j'attrape le mal du pays et je n'ai qu'une seule envie: retrouver le climat belge! Et en avril, quand la saison reprend de plus belle, je suis super enthousiaste de recommencer à parcourir le monde.
GUIDO: Si tu es si peu souvent en Belgique, comment fais-tu pour étudier?
Leander: Je suis des cours à temps partiel afin de pouvoir me concentrer à 100% sur mon sport. Normalement, les études d'ingénieur commercial durent cinq ans, mais dans mon cas, la durée sera doublée. J'ai choisi ce diplôme parce que je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire plus tard. Ingénieur commercial est une orientation qui peut mener à des carrières assez diverses, je pense.
GUIDO: Es-tu un bon étudiant?
Leander: Le kitesurf m'a imposé une certaine discipline, cela m'a donc aidé pour mes études. Comme beaucoup d'autres étudiants, j'ai parfois besoin d'air frais; une journée entière de blocus à l'intérieur est donc proscrite pour moi. Je vais mordre sur ma chique pour les examens, mais impossible pour moi de rester plus longtemps enfermé! (rires)
GUIDO: Guindailles-tu comme les autres étudiants?
Leander: Je ne bois pas pendant les compétitions, ce serait ridicule, mais en-dehors de cela, c'est possible. Un tournoi dure le plus souvent cinq jours et je suis au total deux semaines sur place. J'ai donc assez de temps libre. Evidemment, je dois un peu me contenir, car j'ai pu remarquer que les blessures arrivent le plus souvent le lendemain d'une soirée arrosée. Les autres sportifs de haut niveau comptent leur nombre de calories par jour et vont dormir chaque jour à la même heure, ce que je trouve un rien exagéré.
«Après l'été, j'en ai marre des voyages. Mais en avril, je n'en peux plus d'attendre de repartir de plus belle!»
GUIDO: Certains sauts t'emmènent super haut dans le ciel. N'est-ce pas trop dangereux?
Leander: Le kitesurf fait partie des sports extrêmes, mais je n'ai pas encore rencontré trop de problèmes. Je pense qu'en Belgique on ne compte qu'un seul mort dans cette discipline. Quand on roule à vélo, on peut aussi très bien tomber! De temps à autre, je fais des cascades assez dangereuses, mais il existe une corde de sécurité. Si le vent s'intensifie brusquement ou si un problème survient, on peut tirer dessus, ce qui fait immédiatement tomber le kite vers le bas. D'un autre côté, le freestyle est justement ma spécialité. Je dois donc réaliser des cascades originales et spectaculaires. Je cherche donc le danger en quelque sorte, mais heureusement je n'ai encore jamais eu de blessures trop graves. J'ai cassé ma cheville à deux reprises, ceci mis à part, j'ai été épargné par les contretemps.
GUIDO: Tu parcours le monde. Quelles sont les destinations que tu as préférées?
Leander: (réfléchit)Le Canada, le Maroc et l'Egypte étaient sublimes. Bientôt, je vais partir pour Hawaï et je pense que je vais adorer. L'Afrique du Sud, c'était aussi super! Au Cap, nous avons surfé pendant trois jours dans la baie où un requin avait élu domicile. Quelle sensation cela procure! Là-bas aussi, une otarie a soudain surgi hors de l'eau juste devant moi: ça fout les jetons, tu peux me croire!
GUIDO: Toutes ces destinations me semblent idylliques. Je me trompe?
Leander: Il arrive que l'on parte en Allemagne ou aux Pays-Bas, ce n'est donc pas toujours ensoleillé. Parfois, il fait même caillant et il n'y a rien de plus horrible que de rentrer dans sa combinaison de surf alors que le sable te colle partout sur le corps. Pourtant, dès que je suis dans l'eau, j'oublie tous ces désagréments. Heureusement, les combinaisons sont prévues pour. Elles ne font que trois millimètres d'épaisseur et on a donc l'impression de nager entièrement nu. Chouette sensation! (rires) Les entrainements ne sont pas non plus une charge. Je reste dans l'eau tant que je m'y amuse et je recherche constamment de nouveaux défis et de nouveaux tricks. Je ne vois jamais les heures passer.