Eline Berings: «Mes meilleures années restent à venir»
Eline Berings (23 ans), coureuse de haies et étudiante en psychologie, a déjà remporté l'or au Championnat d'Europe et n'a pas à rougir devant les prestations de Kim Gevaert et Tia Hellebaut. Il y a quelques semaines, elle a même failli se hisser en demi-finale du Championnat du Monde en salle, échouant seulement à un centième de seconde. Cependant, l'athlète gantoise ne se laisse pas abattre pour autant: «Toucher du bout des doigts le top niveau et échouer si près du but, ça m'a rendue assez optimiste. Mes meilleures années et mes meilleures prestations restent à venir.»
GUIDO: Te reconnaît-on déjà en rue?
Eline Berings: Cela arrive parfois. Les gens du milieu de l'athlétisme savent naturellement qui je suis, mais je peux encore aller au Colruyt ou me balader en rue sans devoir signer des autographes. (rires) Par contre, quand je suis avec Tia Hellebaut, j'entends partout ‘Tia Hellebaut’, ‘Tia Hellebaut’, ‘Tia Hellebaut’ et je ne peux m'empêcher de penser: «Laissez-la vivre sa vie». Quand on reçoit des commentaires, c'est heureusement souvent positif.
GUIDO: Comment es-tu arrivée à un tel niveau?
Eline Berings: J'avais dix ans quand les dirigeants d'un club d'athlétisme m'ont remarquée à un cross scolaire. Ils ont été tellement impressionnés qu'ils m'ont invitée à les rejoindre. J'ai ainsi découvert qu'il existait un club à moins de 200 mètres de chez moi. A partir de là, je me suis entraînée de plus en plus souvent et j'ai délaissé tous les autres sports que je pratiquais enfant, comme le judo, le football, le patinage, un à un pour me concentrer sur l'athlétisme. Cette étincelle s'est également produite chez mes parents et ma sœur qui sont devenus membres du même club par après. Ce n'était pas une mauvaise piste, mais entre-temps je me suis habituée à celle de Tessenderlo où je vis actuellement. Cependant, ma mère et ma sœur sont encore dans ce club et il m'arrive encore d'y retourner. J'ai encore beaucoup d'amis là-bas.
GUIDO: Pourquoi avoir choisi les haies?
Eline Berings: Je me souviens être tombée en admiration devant les coureurs de haies quand j'étais petite. Plus tard, quand j'avais quatorze ans, j'ai découvert que j'étais meilleure aux haies qu'au sprint ou au saut, c'est donc devenu ma discipline. Aujourd'hui, je m'entraîne dix ou onze fois par semaine. Quand on sait que j'ai un jour de repos par semaine, cela fait un ou deux entraînements par jour. Ma concentration lors de ces entraînements est différente selon qu'une compétition approche ou pas. En gros, il y a deux périodes de compétition par an. La première de début février à mi-mars, avec en point d'orgue la Championnat du Monde en salle, et la deuxième de fin mai jusqu'au Mémorial Van Damme (début septembre). Pendant ces périodes, j'essaie de participer à un maximum de compétitions car je suis convaincue que je peux chaque fois y réaliser un exploit. Depuis que Tia et Kim ont décidé de quitter le circuit professionnel, il me manque juste une copine avec qui voyager.
GUIDO: Es-tu superstitieuse ou as-tu des rituels bien précis avant chaque compétition?
Eline Berings: On entend souvent beaucoup de sportifs qui déclarent porter le même sous-vêtement le jour d'une compétition. Moi, je ne suis pas aussi superstitieuse. Je tiens à être la seule responsable de ma prestation. En plus, c'est un problème si ce sous-vêtement est justement dans la machine le jour fatidique! (rires)
GUIDO: Trouves-tu encore le temps d'aller aux cours?
Eline Berings: C'est encore possible de combiner les deux, mais de plus en plus compliqué. Si on me demande de choisir entre le sport et les études, l'athlétisme sera à coup sûr en première ligne. Une carrière sportive se termine à plus ou moins trente ans, je trouve donc qu'il est important d'y aller à fond jusqu'au bout. Une fois cette carrière terminée, avoir un diplôme est un plus, mais ce n'est pas pour cette raison que je suis des cours de psychologie. Personnellement, les études me permettent de garder un lien avec la réalité. Cela me permet de m'évader du monde du sport et de penser à autre chose.