Ne loupe plus jamais ton bus!

Étudiant en communication des entreprises à l'ULB, Thomas Hermine (23 ans) en avait marre d'attendre son bus pendant des heures. C'est ce qui l'a poussé à développer ProchainBus, une application gratuite permettant à ses utilisateurs de savoir le temps qui leur est imparti avant le passage du… prochain bus! On l'a rencontré pour en savoir plus sur la genèse de ce projet.

GUIDO: Depuis quand l'idée de cette application te trotte-t-elle dans la tête?
Thomas: Ça fait un bon moment. Je viens d'ailleurs de retrouver la première capture du projet, qui date de 2008! Mais je n'avais alors pas encore les compétences techniques pour le faire. Par contre, dès que j'ai eu un iPhone entre les mains, l'envie d'y retrouver les horaires s'est fait ressentir. Je prends en effet beaucoup le bus. Et me retrouver à un arrêt sans savoir quand le bus va passer ou courir jusqu'à l'arrêt pour manquer mon bus de quelques secondes, voilà le genre de situations qui me rendaient fou. Quand on a lancé l'app l'année passée, je ne m'imaginais pas l'ampleur que cela allait prendre. (ndlr: ProchainBus compte maintenant plus de 30.000 téléchargements)

GUIDO: ProchainBus permet donc aux utilisateurs de connaître les horaires de passage de leur bus, mais une recherche graphique est également très présente sur cette application.
Thomas: En effet, contrairement aux applications de la STIB ou de De Lijn, une recherche graphique plus riche a été développée. On ne fait pas seulement que donner les horaires, mais on offre un plus à nos utilisateurs, notamment avec SmartColor (voir encadré). On essaie d'être aussi ludique que pratique en quelque sorte. Notre slogan, c'est «N'attendez plus».

Le Petit Poucet étudiant vs le Géant du TEC

GUIDO: On suppose que tu as dû avoir quelques contacts avec le TEC suite à l'apparition de cette application sur les smartphones?
Thomas: Au départ, ProchainBus était en quelque sorte le petit projet étudiant qui bousculait le géant du TEC. Qui n'avait pas de site mobile et un site Internet plutôt défaillant. Il faut quand même savoir qu'on a commencé par une dizaine de lignes de bus à Liège, encodées à la main sur base du site du TEC! Ce qui n'est pas forcément très légal. Le projet a ensuite pris tellement d'ampleur que le TEC a fini par venir vers moi, six mois après son lancement. Le jour du rendez-vous, j'avais prévenu mes amis que si je ne me montrais pas quelques heures plus tard, c'est que mon cadavre devait être recherché dans un dépôt de bus! (rires)

GUIDO: Tu es encore là aujourd'hui, la preuve que ce rendez-vous fut moins sanglant que prévu!
Thomas: Ça s'est très bien passé. Ils m'ont simplement dit qu'ils n'envisageaient pas de leur côté de créer une application iPhone ou Android et m'ont donc laissé libre cours de continuer à développer ProchainBus en me donnant accès à leurs horaires. Mais la collaboration s'arrête là.

GUIDO: Parmi les 30.000 utilisateurs, quels sont les retours que tu reçois le plus régulièrement?
Thomas: Je reçois pratiquement tous les trois jours un «Merci!» par e-mail. C'est un truc de fou! Notre communauté nous suit de très près, et la plupart d'entre eux sont le plus souvent positifs, même s'ils n'hésitent pas à nous soumettre des idées, voire même des critiques.

Bientôt des horaires en temps réel?

GUIDO: Cela peut sembler utopique, mais serait-il possible un jour de suivre le trajet du bus en temps réel et donc de baser l'application sur un système de puces GPS au lieu des horaires (qui ne sont pas toujours respectés, on le sait!)?
Thomas: C'est possible. D'ailleurs, tous les véhicules de la STIB sont équipés d'une telle puce GPS qui envoie en temps réel sur Internet les données horaires. L'application de la STIB fonctionne ainsi et donne donc les temps d'attente réels. Le TEC est en train d'équiper ses bus, donc cela pourrait être la prochaine étape. Dès que le système sera mis en place par le TEC, ce sera aussi le cas pour notre application. Ce n'est donc pas utopique du tout!

GUIDO: Depuis un an, tu te donnes corps et âme à ton application. Et ta vie d'étudiant dans tout cela?
Thomas: Il y a eu en effet quelques répercussions sur mes études. L'année passée, ma première à l'ULB, a été très compliquée. Quand j'ai le JT de la RTBF qui me contacte pour une interview, je me vois mal la refuser parce que j'ai cours! Mais le profs ont été plutôt compréhensifs. Au final, j'ai réussi ma première année de Master en m'enfermant pendant un mois durant l'été!

GUIDO: Tu es maintenant en dernière année, te vois-tu continuer dans cette voie au terme de tes études?
Thomas: Pour le moment, oui, car je crois réellement à l'avenir du projet. Il faut voir jusqu'à quel point notre business model est viable, si des organismes acceptent d'injecter de l'argent dans le projet. Si c'est le cas, je pense vraiment que ProchainBus, si elle ne sera jamais une activité à temps plein, restera une activité à temps partiel. Visiblement, les trois autres membres de l'équipe semblent également dans le même état d'esprit que moi, même si je ne peux évidemment pas parler à leur place.

GUIDO: Imaginons maintenant que le TEC te propose de racheter le concept de ProchainBus. Accepterais-tu de laisser partir ton "bébé" comme ça?
Thomas: Il y a six mois, j'aurais dit «oui» tout de suite. Maintenant, ce n'est plus le cas, je ne pense pas que je le laisserais partir aussi facilement. Sauf si on me propose une sacrée somme d'argent! En plus, je crois que je me ferais lyncher par les utilisateurs si c'était le cas! (rires)