RENAULT SYMBIOZ: L’autopartage, autrement…
Chez Renault aussi, on se demande où doit aller l’auto. Un résultat récent fut un stand au salon de Francfort dont le moins qu’on puisse dire est qu’il était original: il y trônait une maison (futuriste). Dedans, un concept car: Symbioz.
Ces 7 dernières années, le designer néerlandais Laurens van den Acker a redessiné tous les modèles Renault et leur a donné un air de famille. Ainsi, il préparait le public au lancement d’une marguerite (dans son langage) de concepts qui a commencé avec Dézir et aplanissait le chemin vers une refonte totale de toutes les Renault. Le dernier de la série se trouvait en première à l’IAA de Francfort: le cheval de parade sportif de Renault, la Mégane RS.
Depuis, van den Acker s’est attelé à sa deuxième marguerite et au deuxième tour du dessin des modèles de production. Déjà l’an passé à Paris, il nous a promis la main sur le cœur qu’il se montrerait plus prudent en la matière, qu’il consoliderait plutôt que de choquer. Mais quid des concepts (et de leur utilité)? La deuxième marguerite veut voir plus loin, vers l’avenir électrique, autonome et connecté de l’automobile and beyond.
Symbiose?
Déjà dans les années 20/30, il y avait des architectes attentifs à l’idée d’une interaction entre la maison et l’auto, et non des moindres: Le Corbusier en était, entre autres. Le premier qui l’a fait explicitement fut l’Américain Backminster Fuller, au début des années 30. Parmi les autres exemples, plus tardifs, il y eut le Case Study House Program (Californie, années 50) et, assez récemment encore, les Japanese Houses (après 2000), qui cherchaient, pour la plus grande agglomération du monde (le Grand Tokyo), une solution d’habitat petit mais spacieux, et en même temps capable d’héberger une ou plusieurs voitures.
Une deuxième idée actuellement examinée (et pas seulement chez Renault) est celle du partage. L’autopartage est l’un des thèmes phares de la récente problématique de la mobilité, mais chez Renault, ce n’est pas tant le concept du partage d’une auto entre plusieurs personnes qu’on a voulu explorer, que ce qu’un habitat et une auto peuvent partager. L’auto et la maison commencent donc à interagir, d’où les H33, vision sur l’habitat en 2030, et Z33, auto indissociable de la maison, en une sorte de symbiose. Symbioz était né.
Économie de partage
Chez Renault, on veut définir autrement l’écosystème autour de l’auto. Que fait l’auto quand elle est à l’arrêt, à la maison par exemple? Elle partage d’autres choses avec cette maison: des données, par exemple, mais aussi de l’énergie (Z33 est électrique), de l’espace; elle fait partie intégrante de la maison, peut s’y déplacer, y rouler, y occupe de l’espace, mais y ouvre également le sien, et en fin de compte offre du divertissement: l’auto est la salle de musique, de cinéma ou d’informatique de la maison.
C’est pourquoi l’habitacle de Z33 est en harmonie/adapté à l’intérieur de la maison (et réciproquement), avec un espace intérieur généreux qui doit pouvoir s’ouvrir largement sur l’extérieur (les portes papillon ne peuvent pas prendre trop de place), des sièges qui peuvent se transformer en fauteuils, l’emploi de matériaux qui ne dépareront pas la maison, tels que le bois, le cuivre ou même le marbre.
Architectural
La maison proprement dite a été conçue par Marchi architects, autour du concept que l’auto devait pouvoir 'bouger' dans la maison (d’après l’idée de Rem Koolhaas, qui avait conçu à Bordeaux une maison munie d’un grand ascenseur, de sorte que le bureau tout entier pouvait voyager dans la maison, pour une personne handicapée). Nicholas Marchi: «Nous voulions aller encore une étape plus loin et donner à l’auto la possibilité d’effectuer un voyage à travers la maison, une maison nettement définie, architectoniquement, par le cylindre dans lequel ou hors duquel la voiture effectue ses mouvements (sans rejets malsains, puisque électrique), une maison centrée sur l’interface homme-machine.»
Par ailleurs, l’habitacle de la voiture peut aussi être agencé de façon ouverte, puisqu’il peut rouler de manière autonome, et les organes de commande peuvent se rétracter discrètement pour laisser autant de place que possible aux 'habitants'. Extérieurement, Symbioz présente une ligne très basse, aérodynamique avec les roues aux coins, un empattement ultra-long, un montant C dont le côté costaud doit inspirer la sécurité, un nez plongeant comme on en verra encore chez Renault (calandre puits de lumière incluse), une signature lumineuse en C telle que nous la connaissons actuellement tant à l’avant qu’à l’arrière, des roues qui constituent une (ré)interprétation des roues à bâtons de naguère. Et cet impressionnant aileron arrière, alors? «Il a son utilité dans trois domaines: aérodynamique, pour intégrer le troisième feu stop et en tant que point d’ancrage vertical et lien avec la maison,» selon Joseph Reeve, responsable du design extérieur de Symbioz.