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21/06/2022

Un Belge prend le large: «Avant, pour être marin, il fallait surtout être bricoleur. Maintenant, il faut aussi être bon en communication!»

Après avoir passé un été à baigner dans le monde de la course au large en préparant des bateaux, Sacha Vandenbrouck (23 ans), étudiant en Master en ingénieur électromécanique à l'ECAM, s'est rapidement pris au jeu et a tenté sa chance. C'est ainsi que la grande aventure Un Belge prend le large a vu le jour, largement relayée sur les réseaux sociaux. Sacha nous explique sa passion pour la navigation.


@un_belge_prend_le_large

Sacha: Quand j’étais petit, avec mes parents on partait souvent en vacances dans le Morbihan en Bretagne. C’est dans ce coin qu’on trouve la majorité des bateaux de course au large et moi je trouvais ça fascinant, ces énormes bateaux! Lors d'une sortie en mer sur le bateau d’amis de mes parents, j’ai passé la journée à la barre. Voyant que ça me plaisait, ils ont décidé de m’inscrire à un stage ADEPS et c’est là que j’ai commencé à vraiment apprendre. Je devais avoir 9 ans lors de mon premier stage et c’était sur un Optimist.

GUIDO: Comment ont réagi tes parents face à cette passion pour la mer?
Sacha
: Ils m’ont toujours soutenu dans mes projets et je n’ai jamais eu l’impression que ça leur posait problème que je parte en mer. Ils ont toujours accepté de m’inscrire à des stages et ils ne m’ont jamais empêché d’aller naviguer. Je crois qu’au début ils pouvaient être un peu inquiets mais j’essaie de donner des nouvelles régulièrement quand on capte du réseau et puis avec l’AIS, ils peuvent suivre la position en temps réel des bateaux sur lesquels je navigue, ce qui rassure aussi.

GUIDO: Quelles sont selon toi les principales qualités d'un bon skipper?
Sacha
: Pour moi, la première qualité d’un skipper est de savoir rester humble ainsi que de connaitre ses propres limites et celles du bateau (ou de l’équipage s’il y en a un). Il faut également avoir un bon esprit critique et d’analyse afin de pouvoir anticiper un maximum ce qui va se passer à bord. En équipage, le côté humain est très important car on passe beaucoup de temps ensemble dans un espace restreint.

GUIDO: Mesures-tu les dangers inhérents à cette discipline?
Sacha
: Il est vrai qu’il peut y avoir des dangers, que ce soient des avaries techniques telles qu’un démâtage ou des blessures. On garde quand même ça dans un coin de la tête mais on ne peut pas penser qu’à ça. Sinon, on n’irait jamais en mer. Le risque zéro n’existe pas mais on fait le maximum pour éviter les problèmes.

GUIDO: Tu es également étudiant en Master à l'ECAM, comment gères-tu tes études en complément de tes aventures en mer?
Sacha
: La plupart du temps que je passe sur l’eau, c’est pendant les vacances; donc ça ne pose pas trop de problèmes. Pour le reste, je fais mon master sur une période un peu plus étalée. J’ai donc des moments avec moins de cours et j’en profite pour naviguer. Après, je rate parfois aussi les cours pour partir sur l’un ou l’autre projet nautique. Ça n’aide pas forcément à réussir les cours mais j’apprends tout autant de choses. En octobre dernier, j’avais la possibilité d’aller à Malte pour courir la Rolex Middle Sea Race (ndlr: une course de 606 milles au départ de Malte pour faire un tour de la Sicile avec un retour à Malte) en double mais je devais rater des cours obligatoires. En discutant avec la direction, on a trouvé des arrangements et j’ai eu le feu vert pour y aller.

GUIDO: Pourquoi avoir eu envie de lancer un compte Facebook et Instagram pour relater tes aventures?
Sacha
: Autrefois, être un marin, c’était surtout être navigateur et bricoleur. Maintenant, pour pouvoir avoir un projet de voile, il faut en plus de savoir naviguer être bon dans des domaines techniques mais également en communication. Pour pouvoir toucher des partenaires, se démarquer des autres projets, il faut une histoire à raconter et les réseaux sociaux sont un bon outil pour ça. De plus, j’ai remarqué que les gens en Belgique ne connaissent pas bien le monde marin. Ce qui se passe sur l’eau, c’est quelque chose de mystérieux pour les terriens.

GUIDO: Tu fais partie du club de voile Royal ULYC…
Sacha
: Le Royal ULYC est un club de voile de la Fédération Francophone de Yachting Belge (FFYB) mais également un kot-à-projet de Louvain-la-Neuve. Le club est géré par une quinzaine d’étudiants. Le but premier est de faire découvrir la voile aux étudiants avec des activités telles que les sorties en Mer du Nord et les stages d’été en Bretagne sur le bateau du club. C’est également une grande famille partageant une passion commune: la mer et la navigation. J’ai fait partie du comité de gestion pendant deux ans de 2018 à 2020. Maintenant, je suis skipper bénévole et j’encadre des sorties à Nieuport.

GUIDO: Quelles sont les principales compétitions auxquelles tu as participé pour le moment?
Sacha
: Pour le moment, j’ai fait pas mal de régates qu’on appelle inshore. Ensuite, il y a les régates offshore avec une grande distance à parcourir sur plusieurs jours. La plus grosse course que j’ai faite est la Rolex Middle Sea Race en double sur un bateau de 50 pieds (15,24 mètres). Pour cet été, les projets c’est de participer à la Drheam-Cup, le grand prix de France de course au large. Un parcours de 600 milles entre Cherbourg, l’Angleterre et la Trinité-sur-Mer. Mais aussi le Tour du Finistère avec un équipage jeune composé d’amis rencontrés sur les pontons.

GUIDO: Tu as déjà fait des transats en solitaire?
Sacha
: Actuellement, non. La plus longue navigation que j’ai faite c’est un convoyage entre La Rochelle et le Sud de la France en passant par le détroit de Gibraltar. C’était en double à bord d’un Class40 (ndlr: un bateau de course de 40 pieds qui participe à des courses telles que la Route du Rhum ou la Transat Jacques Vabre) et on a fait 1600 milles (3000 km), soit une demi-transat en 9 jours. Niveau navigation en solitaire, je n’ai pas encore eu beaucoup l’occasion d’en faire mais ça ne me fait pas forcément peur. Je trouve même satisfaisant le sentiment de liberté et de déconnexion que l’on ressent quand on est seul sur l’eau. Après, quand on navigue en double, on fonctionne selon un système de quarts: pendant que l’un veille sur le pont, l’autre est au repos et on alterne par période de deux heures sauf s’il y a des manœuvres à faire. On passe donc plus de temps tout seul qu’avec l’autre personne.

GUIDO: As-tu encore d'autres rêves inavoués de transats ou de course en solitaire?
Sacha
: Des rêves, j’en ai plein. Maintenant, à moi d’essayer de faire en sorte qu’ils se réalisent. Peut-être une mini transat un peu plus tard quand je serai dans les bonnes conditions pour mener mon projet. Sinon, c’est vrai que de prendre le départ d’une course mythique comme la Transat Jacques Vabre en double ou la Route du Rhum au moins une fois reste un rêve dans un coin de ma tête.

Les 3 conseils de Sacha à ceux qui rêvent de prendre le large

«Il ne faut pas penser que naviguer, c’est quelque chose qui est inaccessible ou réservé à certaines personnes. Généralement, les gens sont très ouverts avec l’envie de partager. En allant sur des pontons et en discutant avec quelques personnes, il y a facilement moyen de trouver quelqu’un pour t’emmener en mer.»

«Les gens souvent hésitent à sortir car ils sont en manque d’équipiers. La meilleure façon d’apprendre, c’est d’aller sur l’eau et faire des milles en variant les expériences et les bateaux.»

«Les rêves peuvent être réalisés si on s’en donne les moyens! Ça prendra peut-être du temps, de l’énergie mais rien n'est impossible si on le veut vraiment!»

Photo: © Nicolas Touzé


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