KOT PAPYRUS: Quand les étudiants prennent soin des personnes handicapées
Suite au mail de l'un de leurs membres, nous nous sommes rendus à Louvain-en-Woluwe pour interviewer les neuf étudiants ultra motivés du Kot Papyrus qui propose régulièrement des activités aux personnes handicapées d'un centre non loin de leur kot. Solidarité, chaleur, bonne humeur et chaude ambiance: tels semblent être les maîtres-mots de ce kot-à-projet qui fête cette année ses trente ans!
GUIDO: La vie d'étudiant est-elle facilement conciliable avec la gestion du Kot Papyrus?
Carmelo: En fait, notre kot est "facile" à gérer, dans la mesure où on ne propose une activité que toutes les deux semaines, même si on se doit d'être là si les handicapés ont envie de venir nous dire bonjour au kot. C'est donc assez compatible, selon moi, avec nos études.
Marc: En plus, les handicapés résident juste ici à côté, à la Bastide (ndlr: on les appelle d'ailleurs les Bastidiens), on n'a pas donc trop de chemin à faire. On n'organise pas plus d'activités car il est difficile d'intégrer les handicapés aux autres, notamment les étudiants.
«J'adore tellement ce kot que je serais prêt à rallonger mes études pour y rester plus longtemps!»
GUIDO: Pourquoi avoir décidé de rejoindre un kot-à-projet? Et celui-ci en particulier?
Maëlle: C'est pour moi la première année ici. J'avais réellement envie de vivre un projet à fond avec d'autres étudiants. Le côté social du Kot Papyrus m'a enchanté, cela me plaisait beaucoup de construire quelque chose avec un groupe et de rencontrer un maximum de personnes.
Alexia: Personnellement, j'ai choisi de rejoindre le Kot Papyrus parce que les autres projets ne m'intéressaient pas trop. Je me sentais bien plus utile au sein d'un projet comme celui défendu par notre kot.
Olivier: On m'a invité à rejoindre le projet il y a quelques années et je suis toujours resté depuis. La vie communautaire ici est forcément plus intense ici que dans un appartement ou un studio. J'adore tellement ce kot que je serais prêt à rallonger mes études pour y rester plus longtemps! (rire général)
GUIDO: Un souper de recrutement a eu lieu l'année passée, quelles étaient les conditions pour rentrer dans le kot?
René: On avait insisté pour que ce soit des filles afin d'avoir une équité entre garçons et filles au sein du kot. Et on a immédiatement accroché avec elles, c'est pour cette raison qu'on les a intégrées au kot.
GUIDO: Pourquoi ce KAP s'appelle-t-il ainsi?
Claire: C'est en fait ma mère qui a créé le kot il y a trente ans! Et c'est maintenant à mon tour d'en faire partie! Pourtant, ce n'était pas le même projet à la base, il était rattaché au Roseau, le centre d'accueil pour jeunes en difficulté. Roseau, papyrus, cela doit être à cause de cela qu'il s'est appelé ainsi.
GUIDO: Comment prenez-vous contact avec les Bastidiens?
Marc: On est donc en relation avec un centre tout proche, La Bastide. Ils sont une trentaine environ, d'handicaps variés, souvent d'ordre mental plus que moteur. Même si on essaie d'en accueillir le plus possible, on a toujours les mêmes habitués. Dès qu'ils ont envie de parler, on les accueille dans le kot.
Carmelo: On organise avec eux toutes sortes d'activités, comme un souper d'accueil, des soirées karaoké, un atelier peinture, un jeu de piste, une soirée bowling, etc.
GUIDO: Vous disiez que c'était difficile d'inclure les étudiants à vos activités. Comment espérez-vous changer leur regard sur les Bastidiens?
René: On essaie le plus possible d'organiser des activités avec des autres kots-à-projet. Théoriquement, nos activités sont ouvertes; les gens peuvent donc venir s'ils le souhaitent, ce qui n'est pas le cas car notre kot n'est pas encore très connu auprès des étudiants.
«Un Bastidien a demandé à une cokoteuse si elle habitait encore chez ses parents!»
GUIDO: On se doute que la bonne ambiance règne dans votre kot?
René: On mange tous les soirs ensemble et quelqu'un cuisine pour tout le monde. On privilégie donc le côté "familial" au sein du kot. On privilégie la bonne ambiance, ce serait bête de ne pas profiter de ses années d'études!
Carmelo: En ce qui concerne les sorties, on commence souvent au kot avant de partir en cercle et enfin terminer la soirée au kot. On a la chance de tous être relativement fêtards, il n'y a donc pas trop de clash entre nous.
GUIDO: Quels souvenirs gardez-vous de vos années au Kot Papyrus?
Marc: Personnellement, ce sera plutôt un souvenir en lien avec les Bastidiens. Chaque année, ils nous écrivent une lettre et c'est toujours assez mignon et touchant de voir qu'ils sont vraiment reconnaissants de ce que l'on fait. Cela nous fait plaisir de voir que notre projet a un impact sur eux. Par contre, pendant l'année, on rigole plutôt beaucoup avec eux. Comme quand un de nos résidents a demandé à une ancienne cokoteuse si elle habitait encore chez ses parents!
Carmelo: Pour moi, un de mes meilleurs souvenirs reste le rallye-chambre qu'on a organisé l'année passée. C'était formidable comme expérience! On a passé une soirée rien qu'à nous neuf; le monde n'existait plus à l'extérieur! On en rigole encore actuellement. Si bien qu'on a refait un des jeux plus tard, celui de la carte que l'on doit se passer de bouche en bouche sans les mains. Fous rires garantis, surtout quand la carte tombe au mauvais moment entre deux mecs et qu'on ajoute petit à petit de l'alcool. On avait essayé d'intercaler des filles, mais il n'y en avait que trois à l'époque!
GUIDO: C'est donc pour ça que vous avez insisté pour recruter plus de filles cette année!
Carmelo: Si on veut… (rires)
Alexia: Moi, je n'étais là que depuis une semaine que j'avais déjà passé une nuit dans le canapé!
Olivier: Moi, je me rappelle particulièrement l'histoire du trombone! Un formidable cokoteur, qui n'est pas là aujourd'hui, est revenu un jour d'une répétition à la fanfare avec son trombone. Et il ne s'est pas gêné pour en jouer après une soirée bien arrosée! Il a donc ouvert sa fenêtre et a joué du trombone à trois heures et demie du matin. ça a fait un tel écho que ça a réveillé tout le square! Tout le monde nous a évidemment gueulé dessus, mais heureusement, le gardiennage n'a jamais réussi à savoir d'où provenait ce vacarme.
Carmelo: A ce moment-là, on était assez content de notre relatif anonymat sur le site!
GUIDO: Une dernière anecdote pour la route?
René: L'an dernier, on a organisé une soirée disco avec les Bastidiens, avec du Kidibul pour imiter le champagne! A la fin de la soirée, on décide de mettre un slow, tout en sachant que la majorité d'entre eux sont bien évidemment célibataires et n'ont pas beaucoup d'expérience avec les femmes! Si bien qu'il y en avait un qui était embarrassé car il ne savait pas quoi faire de ses mains pendant le slow! On lui dit alors qu'il peut les mettre dans le bas du dos. Mais ce qu'on n'imaginait pas, c'est qu'il n'avait pas la même notion de bas du dos que nous et a tout simplement mis ses mains sur les fesses de la cokoteuse!
Tu fais partie d'un kot original? Tu loges dans un lieu insolite? Tu as envie de mettre tes cokoteurs à l'honneur? Envoie-nous un mail à redaction@guido.be et explique-nous les raisons pour lesquelles ton kot devrait être mis à l'honneur.