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25/11/2006

JEAN-JACQUES JESPERS: Du JT à l'ULB

Peu de ses étudiants le savent, mais Jean-Jacques Jespers fut par le passé le présentateur du JT de la RTBF. Actuellement, celui-ci se concentre principalement sur ses cours à l'ULB tout en s'octroyant un peu de loisir avec Le Jeu des Dictionnaires et La Semaine Infernale.

GUIDO: Vous avez étudié le droit, vous n'étiez donc pas à la base destiné à une carrière de journaliste?
Jean-Jacques Jespers
: J'ai effectivement étudié le droit pendant cinq ans. Et ce n'est qu'après que je me suis orienté vers la licence en journalisme. Je ne me dirigeais donc pas à la base vers le métier de journaliste. Je n'ai jamais fait le barreau ni exercé de fonction de juriste, mais c'est là ma formation première.

"Les études en droit m'ont appris à développer des qualités indispensables au métier de journaliste"

GUIDO: Est-ce que vous pensiez alors devenir un jour professeur d'université?
Jean-Jacques Jespers
: Jamais de la vie. J'ai toujours voulu être journaliste. C'était mon objectif premier et j'ai suivi des études en droit plus pour faire plaisir à mon père que par réelle passion. Cependant, je ne regrette pas de l'avoir fait car cette formation est très utile dans le métier de journaliste vu qu'elle nous apporte une certaine connaissances des structures juridiques et institutionnelles du pays. On y apprend également la rigueur dans l'expression ou dans l'exposé d'un problème ainsi qu'un certain esprit de synthèse. Des qualités indispensables dans le métier de journaliste.

GUIDO: Vous vous êtes ensuite quand même retrouvé prof d'unif…
Jean-Jacques Jespers
: En 1980, il y a eu une vacance d'un poste à temps partiel à l'ULB pour un cours de trente heures. J'ai donc postulé et j'ai obtenu ce cours. J'ai donc été chargé de cours à temps partiel jusqu'en 2003 ( ndlr: date de la fin de ses occupations de journaliste à la RTBF ). A ce moment, je suis devenu chargé de cours à temps plein responsable de cinq cours différents.

GUIDO: Vous avez donc dû jongler entre vos deux professions pendant quelques années.
Jean-Jacques Jespers
: Pendant 23 ans, en fait. Parfois, c'était un peu dur à combiner vu que je donnais un cours de journalisme télé avec beaucoup d'exercices, ce qui requérait ma présence.

"Je ne suis pas gratuitement sadique"

GUIDO: Vous donnez cours devant de grands auditoires?
Jean-Jacques Jespers
: Je donne cours dans toutes les années, mais l'auditoire se réduit évidemment selon le principe de la pyramide inversée. En première année, la filière "Information et Communication" compte 550 étudiants. Je donne donc quelques cours ex cathedra , notamment en deuxième et en troisième. Alors qu'en première année, je fais plutôt des tests de connaissance de l'actualité.

GUIDO: Cette première rencontre devant un grand parterre d'étudiants ne fut-elle pas trop traumatisante?
Jean-Jacques Jespers
: Me retrouver devant de grands auditoires n'était pas si impressionnant que ça puisque j'avais le métier de journaliste derrière moi et j'avais donc l'habitude de parler aux gens.

GUIDO: Pensez-vous avoir une bonne réputation auprès de vos étudiants?
Jean-Jacques Jespers
: D'après ce que j'ai pu entendre sur mon compte, je pense avoir la réputation de quelqu'un de très rigoureux, je n'accepte en effet pas l'approximation ou le bâclage. Cependant, je ne suis pas gratuitement et bêtement sadique ou offensant.

GUIDO: Selon vous, de quelles qualités doit faire preuve un professeur d'université?
Jean-Jacques Jespers
: Il faut avoir le sens du transfert, savoir comment exprimer une idée dans des termes précis, rigoureux, justes, mais accessibles. C'est un art qui s'approche très fort du journalisme d'une certaine façon. Il faut aussi être disponible, à l'écoute et éviter d'être pontifiant et de faire croire qu'on détient une vérité définitive. On n'est pas seulement là pour enseigner ou faire de la recherche: quand on fait des formations, des conférences ou qu'on répond à une interview, on fait également son métier de professeur en quelque sorte.

"Peu de mes étudiants savent que j'ai été journaliste"

GUIDO: Notez-vous des changements dans le comportement des étudiants au fil des années?
Jean-Jacques Jespers
: Je dirais qu'il y a plusieurs périodes qui se sont succédées. Ce qui caractérise maintenant les étudiants, c'est le peu d'investissement politique dont ils font preuve. Les cercles politiques ne recrutent pour ainsi dire plus alors qu'on se définissait d'abord par sa position politique lorsque j'étais moi-même étudiant. Les étudiants de ces dernières années sont également beaucoup plus sérieux, ils ont davantage conscience de l'importance de leurs études. Malheureusement, ils ne s'intéressent pas spontanément à ce qui se passe autour d'eux, la culture ou l'actualité. Ce qui est très dommageable pour leur avenir professionnel. On essaie donc de les inciter plus à se tenir au courant de l'actualité.

GUIDO: N'y a-t-il pas une certaine lassitude qui s'installe au cours des années?
Jean-Jacques Jespers
: Au contraire. La lassitude était plus forte lorsque je devais combiner mes deux métiers. Dorénavant, être professeur à temps plein me permet de m'investir plus et d'être en rapport plus fréquent avec mes collègues et les étudiants. Je me sens mieux, finalement.

GUIDO: N'avez-vous jamais subi les affres de la médiatisation lors de l'un ou l'autre de vos cours?
Jean-Jacques Jespers
: Maintenant, ceux qui savent que j'ai été journaliste, c'est plutôt les parents des étudiants. Mais, je continue à faire un peu d'antenne en radio dans Le Jeu des Dictionnaires ou La Semaine Infernale . Certains étudiants écoutent ces émissions et je crois que ça leur plaît d'une certaine manière que quelqu'un puisse avoir deux casquettes, être à la fois quelqu'un de très sérieux et aussi fiable que possible durant les cours et léger dans une autre activité. Je pense que tout le monde fait bien la distinction entre les deux rôles. Il faut aussi dire que la position que j'occupe dans ces émissions est plutôt celle de la grosse tête, de l'érudit, ce qui n'est pas vraiment en contradiction avec mon métier de prof.

GUIDO: Vous formez donc les journalistes de demain. Ne pensez-vous pas que ce métier s'apprenne principalement sur le tas?
Jean-Jacques Jespers
: C'est une question compliquée. Je pense qu'il y a deux manières de concevoir le métier de journaliste. La conception que j'en ai, une conception un peu idéaliste: le journaliste au service du public, qui analyse la réalité, l'interprète, en donne une lecture qui aide à comprendre le monde dans lequel on vit. C'est la fonction noble du journaliste. Cependant, ce n'est pas toujours de cette façon que les directions des médias actuels conçoivent la place des journalistes. Pour eux, le journaliste est une espèce de prolétaire, un technicien de base qui doit être opérationnel, polyvalent et capable de faire un certain nombre de papiers par jour ou de ficeler un reportage télé ou radio en un minimum de temps. Il y a donc une certaine dévalorisation du métier de journaliste dans les médias actuels que je déplore vivement. Ce que j'essaie de faire, c'est d'inciter les étudiants à correspondre à cette conception de magistrature sociale que doit remplir le journaliste. Pour remplir cette fonction de cette façon-là, je pense qu'il faut être formé à l'université, mais il faut aussi l'être avant et après. C'est un métier qui s'apprend également à côté, en allant au cinéma, au théâtre, en lisant, … Si on n'a jamais ouvert un journal ou qu'on ne s'intéresse à rien avant de commencer des études en journalisme, on a peu de chances de faire ce métier correctement. Si on se limite à venir aux cours ou aux TP, on a peu de chances de faire ce métier correctement. Par après, il faut encore apprendre sur le tas certaines pratiques professionnelles.

GUIDO: Peut-être quelques anecdotes sur vos cours ou examens?
Jean-Jacques Jespers
: Dans certains de mes grands auditoires, je suis au courant qu'il y a de la triche. Une triche qui se perfectionne chaque année. Maintenant, on utilise les MP3, les SMS. Parfois même avec la complicité des parents, ce qui est quand même scandaleux. Je sais qu'on peut trouver tout le contenu d'un syllabus sur un fichier MP3. Ça m'amuse plutôt, c'est tellement évident par après que ça n'aide pas vraiment les étudiants tricheurs.  

(SD)


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