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29/04/2009

Interview de Michel Scheuer, Recteur des FUNDP

Nous avons rencontré le Recteur de l'Université de Namur afin d'en savoir plus sur son parcours, son quotidien de Recteur et son regard sur les étudiants d'aujourd'hui. De la crimino au rectorat en passant par la prêtrise, autant dire que son parcours est pour le moins inédit…


GUIDO: Vous avez suivi des études de criminologie à Louvain…
Michel Scheuer
: Oui, à Louvain et non à Namur, personne n'est parfait! C'est surtout l'aspect pluridisciplinaire (juridique, psychologique, médical, …) de ces études qui m'a intéressé. Avec pour ambition de travailler ensuite dans le secteur de la protection de la jeunesse qui me passionnait déjà à l'époque.
 
GUIDO: Quel souvenir gardez-vous de cette période?
Michel Scheuer
: Aujourd'hui, des tas de jeunes se passionnent pour la criminologie, ce qui n'était pas le cas à l'époque. On était donc très peu nombreux, trente étudiants au maximum dans l'auditoire. Tous les profs nous connaissaient individuellement, on avait l'occasion de faire des visites sur le terrain, dans des centres aussi bien en Belgique qu'en France. C'était passionnant, je garde un excellent souvenir de mes années universitaires.
 
Un Recteur atypique
 
GUIDO: Quelle a été la suite de votre parcours professionnel?
Michel Scheuer
: A un moment donné, j'ai décidé d'être prêtre. Je suis donc entré chez les Jésuites où j'ai effectué des études de philosophie et de théologie. A la suite de ces études, j'ai commencé par donner cours dans un collège, ce qui était en quelque sorte le chemin normal pour un prêtre. Pourtant, du jour au lendemain, je me suis retrouvé directeur de l'institution de protection de la jeunesse où j'avais fait mes armes auparavant. J'y suis resté sept ans, on s'occupait alors réellement de réinsertion professionnelle pour des jeunes confiés par le Procureur du Roi ou par les tribunaux de la jeunesse.
 
GUIDO: Par quel concours de circonstances vous êtes-vous retrouvé parachuté Recteur de l'Université de Namur?
Michel Scheuer
: Il faut savoir que je suis un Recteur tout-à-fait atypique. J'ai été appelé, de par mes fonctions, à siéger comme extérieur au Conseil d'Administration de l'Université. Cela a duré pendant quinze ans, alors que je continuais à exercer des activités ailleurs. Quand il a fallu nommer un nouveau Recteur, c'est mon nom qui s'est retrouvé en tête de liste (ndlr: le vote est complètement ouvert parmi les quarante personnes qui composent le conseil et personne n'est candidat aux élections rectorales).
 
GUIDO: Quelle a été votre réaction à l'annonce des résultats?
Michel Scheuer
: J'ai été extrêmement étonné. Etant donné que je n'ai pas d'expérience personnelle de chercheur ni d'expérience véritable d'enseignement. C'est plutôt l'aspect gestion, Ressources Humaines ou même politique qui a joué en ma faveur, je pense. J'ai accepté de rendre ce service et je pense que cela a plu puisqu'on m'a remis en piste deux fois depuis!
 
GUIDO: Etant donné votre parcours hors du commun, y a-t-il des choses qui vous ont surpris lors de votre entrée en fonction?
Michel Scheuer
: La première chose qui me vient à l'esprit, c'est que les autres Recteurs ne m'ont jamais mis sous le nez que je n'étais pas un enfant du sérail. J'ai également constaté que les gens travaillaient énormément au sein de cette Université. Je ne m'attendais pas non plus à ce que l'interface entre le milieu et l'université prenne autant d'importance dans la vie d'un Recteur. Pour le reste, il y a toujours une question qui me hante, moi qui suis célibataire, c'est de savoir comment font mes collègues Recteurs pour garder un minimum de vie familiale possible étant donné la dispersion du travail que l'on a sur les épaules. Je suis en admiration devant eux.
 
Une vie partagée en deux
 
GUIDO: A quoi ressemble la vie d'un Recteur au jour le jour?
Michel Scheuer
: Je dirais que ma vie se partage en deux: l'aspect externe et interne. Tel que c'est organisé ici à Namur, le Recteur est celui qui intervient clairement à l'extérieur en ce qui concerne les dossiers interuniversitaires, politiques ou de la recherche. Le Vice-recteur ayant lui dans ses attributions les personnes qui travaillent dans l'Université. En ce qui concerne l'aspect interne, cela consiste à créer une équipe autour de soi de personnes qui partagent globalement les mêmes options d'animation ou de gestion. Il faut donc trouver un équilibre entre ces deux aspects.
Le Recteur doit donc être quelqu'un qui porte le flambeau de l'Université à l'extérieur, cela implique donc beaucoup de temps passé à représenter l'Université en différents lieux du pays. D'un autre côté, il doit également mettre ensemble des projets ou des initiatives, les laisser grandir, les porter, les rendre réalisables, …
 
GUIDO: Si vous deviez décrire la principale mission de l'Université, comment le feriez-vous?
Michel Scheuer
: Traditionnellement, on dit que les deux principales missions d'une université sont l'enseignement et la recherche. Si je voulais le dire autrement, je dirais que la principale mission d'une université est de former des étudiants de la façon la plus rigoureuse possible comme futur acteur dans la société de demain. C'est fondamental pour moi. On ne forme pas uniquement des techniciens de la biologie ou de la mathématique, par exemple, mais des hommes ou des femmes qui auront demain à assumer des responsabilités importantes dans la société. C'est selon moi notre première responsabilité. Si une des deux missions doit être mise en avant, c'est la formation.
 
GUIDO: Est-ce qu'un Recteur a encore l'occasion de nouer des contacts avec ses étudiants?
Michel Scheuer
: Pour être honnête, non. Et c'est une de mes plus grandes frustrations. Ce n'est pas non plus ce que l'on attend d'un Recteur, avec 5100 étudiants sur le campus. J'ai évidemment des contacts avec les fédérations de représentation étudiante et j'essaie aussi d'être présent au conseil des affaires sociales. En dehors de ça, à part quelques cas exceptionnels, il faut bien reconnaître que ce n'est pas possible d'avoir des contacts privilégiés avec tous les étudiants. Il est très sain que la vraie référence de l'autorité pour l'étudiant soit le doyen de la faculté dans laquelle il se trouve.
 

GUIDO: Quels changements avez-vous notés entre l'étudiant actuel et celui qui vous étiez à l'époque?
Michel Scheuer
: Comme je l'ai dit précédemment, il y a énormément plus d'étudiants à l'université qu'à mon époque, un point dont on ne peut que se réjouir. Autre différence: les étudiants d'aujourd'hui savent beaucoup plus de choses sur le monde que l'étudiant que j'étais à l'époque. Il y en a encore qui disent «Quand les étudiants arrivent à l'unif, ils ne savent rien», «Ils ont été mal formés dans le secondaires». Ce n'est pas vrai, ils ont été formés autrement, mais ils savent beaucoup plus de choses que nous en savions à leur âge. Pour parler plus généralement, je suis également fort impressionné par le nombre d'étudiants membres de mouvements de jeunesse. En contrepoint, je pense qu'il est plus difficile aujourd'hui de mobiliser les étudiants collectivement pour une cause.


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