Seppe Smits - Profession: Snowboardeur
La Belgique n'est pas un vivier pour les sports d'hiver? Revois ta copie, car Seppe Smits (21 ans) figure parmi les meilleurs représentants mondiaux du snowboard freestyle. Il ne passe pas beaucoup de temps en Belgique, aussi était-il content de partager une bière avec GUIDO. Oui, les snowboardeurs en ont le droit!
GUIDO: Pourquoi une planche et pas des skis?
Seppe: La première fois que j'ai été en contact avec les sports d'hiver, c'était il y a bien dix ans. J'étais alors inscrit pour un stage de ski sur la piste indoor de 's-Gravenwezel. L'année d'après, j'ai enfin pu partir en vacances à la neige où j'ai découvert le snowboard. Une année plus tard, mes skis étaient définitivement rangés au placard! Depuis, je n'ai jamais cessé de surfer. ça procure bien plus de sensations. J'ai toujours envie d'en apprendre plus et de faire des choses encore plus extrêmes. Cette recherche d'adrénaline me correspond parfaitement.
GUIDO: Eliminons d'emblée la question habituelle: est-ce plus facile de skier ou de faire du snowboard?
Seppe: J'entends souvent dire que les bases du ski sont plus faciles, car on peut y bouger ses jambes de façon distincte. En ce qui concerne le snowboard, il faut trouver un certain équilibre avant de maitriser la chose. Je suis d'accord avec cela.
GUIDO: Quand as-tu commencé à faire du freestyle?
Seppe: J'avais onze ans quand j'ai découvert qu'il existait un parc freestyle près de la piste indoor. ça m'a immédiatement plu. Je m'y suis vite retrouvé une fois par semaine.
GUIDO: Quelle est la longueur moyenne des sauts que tu réalises? Seppe: Ils sont tous différents, mais en moyenne on peut compter sur un saut de six à sept mètres de haut et de dix-huit mètres de long.
GUIDO: Tu as alors assez de temps pour penser à ta liste de courses!
Seppe: (rires) Non, quand je suis en l'air, toute ma concentration va vers le saut et vers que ce que je dois faire pour bien le terminer, car quand on tombe, ça peut faire mal. Même si je dois reconnaître que j'ai été épargné par les grosses blessures. J'ai cassé mes deux clavicules; mes ménisques et mes ligaments croisés ont été à moitié déchirés. J'essaie de compenser avec un entraînement supplémentaire pour mes jambes, je vais très souvent au fitness. Le snowboard est un sport avec beaucoup d'impacts, il faut donc faire en sorte d'avoir un corps solide.
GUIDO: Mais tu t'entraînes aussi sur la neige, je suppose…
Seppe: Oui, mais seulement quand je suis à l'étranger. Ce qui correspond à plus de huit mois par an. Je fais le tour du monde pour trouver des lieux parfaits, de belles pistes, de bons parcs. Je les trouve surtout dans le Colorado aux Etats-Unis. Là, je loge avec les autres snowboardeurs belges dans un appartement ou une maison. On vit tous ensemble, comme une famille. Même si je dois partager ma chambre, ce n'est pas si grave. De toute façon, je ne passe pas beaucoup de temps dans cette chambre. Lors des compétitions, je loge toujours à l'hôtel.
GUIDO: Il y a souvent des compétitions?
Seppe: En moyenne, je participe à vingt compétitions par an. Avant, ce nombre était plus grand, mais je sélectionne maintenant uniquement les compétitions les plus importantes. En été, je pars pour l'hémisphère Sud pour quelques compétitions supplémentaires. En automne, il faut surtout attendre que les premiers glaciers soient ouverts en Europe et en décembre commence enfin la véritable saison d'hiver. Nous sommes maintenant dans une année de qualification pour les Jeux Olympiques. Si je parviens à éviter les blessures, il y a beaucoup de chance pour que je me qualifie pour les Jeux Olympiques, mais il faut naturellement attendre de voir les progrès de mes concurrents pour se faire une idée plus précise. J'essaie toujours de m'accorder quelques jours de vacances au mois de juillet. Je vais alors surfer pendant quelques semaines en Espagne. Mais ce n'est pas pour ça que je ne mets jamais le nez dehors pendant le reste de l'année. Il règne une chouette ambiance entre les riders, il n'est donc pas rare qu'on se retrouve le soir autour d'une bière.
GUIDO: Imagine que tu te casses la figure et que tu ne puisses plus remonter sur un snowboard. Que ferais-tu alors?
Seppe: Pff, aucune idée. J'ai bien essayé de faire des études d'ingénieur industriel, mais pour le moment je ne vis que pour le snowboard et je ne peux donc pas me concentrer sur autre chose. J'ai donc arrêté mes études. Il m'est impossible de m'imaginer faire autre chose.