La voiture sans chauffeur est (quasi) là…
Dans le monde de l’automobile, la question, pour beaucoup, est: à quand la voiture autonome? Nous faisons brièvement l’état de la question.
La génération des babyboomers (si l’on tient à les cataloguer et à les couler dans un moule) rêvait de sa propre auto et sitôt atteint l’âge légal pour l’obtention du permis de conduire, la voiture d’occasion trônait dans le garage. Cette époque est révolue depuis longtemps et à présent, le jeune qui atteint cet âge béni (18 ans) du droit de vote et du permis de conduire fait davantage la fine bouche. D’aucuns le passent directement, d’autres (de plus en plus nombreux) ne voient pas le permis comme une priorité: la mobilité demeure importante, mais pas tant l’auto en tant que mode de transport personnel (et en tout cas pas comme propriétaire).
Depuis quelques années paraissent dans la presse généraliste et spécialisée des tas d’articles à propos de la voiture autonome, celle qui roule toute seule. Sans trop s’embarrasser de connaissances en la matière ou tout simplement en matière technique, on fait miroiter aux yeux du lecteur ébahi les plus belles perspectives. Pas étonnant que nombre de gens qui ne tiennent pas à devenir partie intégrante du trafic routier se passionnent pour cette nouvelle technologie. D’où ce petit tour d’horizon. Où en sommes-nous pour l’heure?
Encore un peu de patience
Techniquement, beaucoup est possible, mais pas encore tout. On sait que l’auto Google a déjà parcouru pas mal de millions de kilomètres sans incidents notables, mais elle roulait dans un environnement connu d’elle et souffrait peu de conditions atmosphériques défavorables. Lorsqu’il neige, par exemple, beaucoup d’indications disparaissent (surtout sur la route elle-même) que les voitures autonomes utilisent pour fonctionner. Dès lors, les cartes doivent être encore plus détaillées que maintenant. C’est à cela que l’on travaille le plus dur en ce moment et c’est le sujet majeur d’échanges entre les constructeurs automobiles et les entreprises de gestion de données. Les premiers ont compris qu’ils ne pouvaient pas rater le train de l’innovation, les seconds ont bien dû constater qu’être le roi de la gestion de données ne signifie pas nécessairement que l’on est à même de construire de bonnes voitures.
Pour notre part, nous pensons que la vraie voiture autonome ne doit pas seulement être capable de se promener par ses propres moyens; elle doit aussi impérativement pouvoir communiquer avec les autres véhicules. Combiner les deux techniques est la meilleure manière d’arriver à ses fins.
Points de vue juridique et éthique
Quand tous ces problèmes seront résolus, il en restera encore, d’ordre juridique, et même quelques-uns d’ordre éthique. Sur le plan juridique, en ce moment, tout conducteur demeure responsable de tout ce que lui et sa voiture font. Il faudra définir une frontière, un accord, pour savoir à partir de quel moment un véhicule peut être considéré comme autonome. À partir de ce moment, ce 'robot' pourra être juridiquement responsable et, cela va de soi, devra aussi être assuré. Pas simple, car cela requiert de nouvelles conceptions en la matière.
Mais il y a plus: des occurrences imprévues devront être intégrées dans les calculateurs de la voiture roulant en mode autonome, y compris des événements qui donnent lieu inévitablement à un accident. La technique doit se focaliser dessus: la sécurité des occupants de la voiture est-elle primordiale ou faut-il également tenir compte des autres usagers (y compris les usagers faibles)? Et si oui, comment faire et en vertu de quelle hiérarchie? En d’autres termes un peu plus crus, mais aussi plus réalistes: au cours d’une manœuvre d’évitement, l’auto doit-elle percuter un vieillard au lieu d’une mère avec son bébé ou doit-elle se jeter contre un mur, faisant ainsi courir un plus grand danger à ses occupants?
On le voit, de nombreuses questions requièrent encore une réponse claire. Ici aussi, l’évolution va être graduelle et, dans un premier temps, la voiture autonome devra rouler en mode semi-autonome et, surtout, dans des circonstances contrôlées. Mais son avènement est aussi sûr que 2 et 2 font 4. Simplement, il faudra encore un peu plus de patience que d’aucuns l’avaient espéré.
Tony Verhelle (rédacteur du 'Moniteur Automobile')