SALON DE GENÈVE: Reprendre haleine
Après les grandes promesses de Paris en octobre dernier, les constructeurs importants ont mis la pédale plus douce à Genève. C’était donc aux plus petits de s’y exhiber, selon une bonne habitude.
Juste avant que Genève n’ouvre ses portes le 9 mars, l’annonce la plus importante avait déjà fait le tour du monde: General Motors vend Opel au constructeur français PSA Peugeot Citroën. D’emblée, on daubait à propos de l’association de l’aveugle et du paralytique, condamnée à l’échec, mais nous en reparlerons, quand le brouillard qui entoure encore tout l’événement se sera dissipé.
SUV et exotiques
On ne peut passer son temps à faire des promesses à propos du futur. À Paris, nombre de constructeurs importants étaient venus avec leurs projets de propulsion électrique (dans les 5 ans) ou de conduite autonome (dans les 15 ans). À Genève, c’était davantage business as usual, avec une profusion de nouveaux SUV, dans toutes les catégories; c’est le segment du marché qui continue de croître, et les marques exclusives, comme à l’accoutumée, montraient aussi des choses délicieuses. Parmi les SUV, nous retiendrons l’Alfa Romeo Stelvio, le plus beau, le Mazda CX-5, le Mitsubishi Eclipse Cross, qui ouvre une ère nouvelle pour ce petit constructeur japonais surtout spécialisé dans les SUV, l’Opel Crossland X (déjà en collaboration avec PSA), le fort impressionnant Range Rover Velar et le Volkswagen Tiguan Allspace, une version XL à 7 places du Tiguan.
Chez les constructeurs plus exclusifs venus avec des nouveautés exotiques, il y avait Aston Martin, qui focalisait toute l’attention sur lui avec son très extrême cabrio Valkyrie, Bentley, qui exhibait une variante cabrio de son précédent concept, l’EXP 12, Ferrari, qui présentait sa 812 Superfast, McLaren, qui entame un nouveau cycle dans sa Sports Series avec la 720S, Mercedes avec son AMG GT Concept, préfiguration d’un coupé de production AMG à 4 portes, etc.
Plus c’est fou, mieux c’est
Mais Genève demeure aussi LE salon des petits, les petits rêveurs marginaux qui ont à peine assez d’argent pour survivre et consacrent toute leur attention à un show onéreux au bord du lac Léman. D’un côté, il y a les producteurs de voitures de sport superexotiques de fabrication artisanale sortant plus de 1000 ch et dont les formes doivent indiquer clairement qu’elles satisfont à l’aérodynamisme attendu d’une auto atteignant les 400 km/h sans effort. Nous pensons par exemple à une Fittipaldi Motors EF7, une Koenigsegg Agera RS Gryphon (dans les dénominations aussi, on se lâche), une Scuderia Cameron Glickenhaus, etc. Nous vous conseillons d’aller faire un tour sur les sites web de ces tout petits constructeurs pour voir ce qu’ils mitonnent, never a dull moment…
Mais notre attention va en l’occurrence davantage aux puristes, sur les plans esthétique et/ou technique. Comme l’italienne Touring Superleggera, dessinée par un jeune Belge charmant du nom de Louis de Fabribeckers, lequel a dessiné pour le constructeur allemand de voitures de sport Artega sportive qui offre de la place à… 3 passagers (le conducteur au centre à l’avant, les deux passagers de part et d’autre derrière, comme dans une McLaren F1 des années 90) et sera mue entièrement par l’électricité. Ses lignes sont d’une pureté qui manque à bien d’autres concepts.
Il y a aussi la TechRules, par exemple, une supersportive chinoise accueillant 3 passagers dans la même configuration, mais au design bien plus complexe (commandé à Ital Design) où le cockpit peut être choisi en 3 versions. Mais le plus intéressant est caché: ce sont les 4 moteurs électriques donnant une puissance combinée de plus de 1000 ch et alimentés non seulement par une batterie, mais aussi, via cette batterie, par une turbine géante qui produit l’énorme quantité d’électricité dont une voiture de ce genre a besoin. Il faut tenir à l’œil ce mister Jin, un Chinois de 23 ans surdoué qui semble avoir rassemblé un capital suffisant dans son pays pour faire de TechRules une histoire qui dure.
À côté de cela, il y a Quant avec la Nano Flow Cell, déjà un habitué de Genève, mais nous n’avons encore jamais eu l’occasion de rouler avec l’une de ses superberlines électriques. Ce qui est remarquable dans son dernier rejeton, le 48V Concept, c’est que les 4 moteurs électriques (d’une puissance cumulée de 760 ch) sont alimentés par un circuit basse tension de 48 V (la plupart du temps, on parle de 400 V) et offre quand même de superbes performances et une grande autonomie. Musique du futur ou rêverie?
Cette dernière nous ramène à coup sûr à Franco Sbarro, un vieux fidèle de Genève, qui y vient depuis aussi longtemps que moi (plus de 30 ans). Le Suisse a sa propre école de design et d’ingénierie et vient toujours exhiber les véhicules les plus bizarres. Cette fois, c’était une sorte de deux-roues qui attirait l’attention. Les modèles de production ne suivent la plupart du temps jamais, mais les constructeurs 'sérieux' me racontent que les jeunes qui ont travaillé chez Sbarro leur amènent toujours quelque chose qu’ils pourront utiliser à l’avenir. Dream on, Franco…