Retour sur le SALON DE L'AUTO 2018
Du 12 au 21 janvier dernier a eu lieu le Salon de l'Auto à Bruxelles. Est-il encore raisonné de célébrer cette grand-messe annuelle et pour quelles raisons a-t-il encore autant de succès en Belgique?
Les plus grands salons de l'auto encaissent de sévères revers depuis quelque temps dans le monde entier. Les salons de premier plan voient aujourd'hui leur nombre de visiteurs diminuer de manière drastique ainsi que le nom de marques participantes (ce qui est encore plus dommageable). Ainsi, à Paris en 2016, c'étaient huit grandes marques qui brillaient par leur absence tandis que pas moins de neuf constructeurs ont fait l'impasse de l'IAA à Francfort en 2017. Les raisons sont diverses: quand une réelle nouveauté est lancée lors d'un salon, il faut alors se battre avec les autres pour obtenir de l'attention. Une marque non française ou allemande est aussi largement concurrencée par les marques 'maison' lors des salons précédemment cités, il est donc très difficile de se faire une place. En plus, il est de plus en plus courant que les nouveautés importantes du secteur automobile préfèrent d'autres événements plutôt que le salon de l'auto. Le meilleur exemple de cette tendance est le CES (Consumer Electronics Show) à Las Vegas ou son pendant asiatique à Shanghai.
Et Bruxelles
Depuis longtemps, Bruxelles était frustré d'être uniquement considéré comme un salon de seconde classe dans le secteur automobile. Mais peu à peu, cette 'malédiction' s'est transformée en aubaine. Grâce au phénomène selon lequel le Belge n'a apparemment pas uniquement qu'une brique dans le ventre, mais aussi quatre roues, le salon bruxellois peut continuer à jouir d'une affluence record. Pendant le mois de janvier, toute la Belgique frissonne pour la même chose: la grand-messe annuelle de l'auto au Heysel près du ring bruxellois. Proportionnellement (en comparaison avec le nombre d'habitants donc), le show bruxellois est après celui de Genève le plus important au monde, selon le nombre de visiteurs.
Tout cela trouve son explication dans le fait que l'événement bruxellois est toujours resté un salon de vente absolu. Ces dernières années, même si les achats n'ont plus lieu sur place, il reste quelques irréductibles amateurs de bonnes affaires qui utilisent le salon pour comparer et - aussi typiquement belge - pour repartir avec la meilleure offre ou la réduction la plus importante.
Est-ce que cela signifie pour autant que Bruxelles est uniquement une foire ordinaire aux bonnes affaires, comme ses adversaires le déclarent parfois? C'est peut-être un raccourci trop rapide. Le salon suscite en effet une curiosité sur le plan international. Cette année, on a ainsi pu dénombrer six avant-premières mondiales et seize avant-premières européennes en plus de dizaines de concept cars et de prototypes intéressants. Mais le plus important, c'est que le grand rendez-vous du fan de voitures reste la manière la plus aisée de pouvoir admirer toutes les nouveautés une fois par an, sous un seul et même toit.
Dépassé?
Face aux interminables embouteillages quotidiens, à la descente en flèche de la popularité de la voiture parmi les plus jeunes, aux alternatives à la possession d'une voiture, on est en droit de se demander si cela a toujours bien sa place chez nous. Il est clair comme de l'eau de roche que les prochaines générations se déplaceront d'une autre façon et avec (différents) autres moyens de transport que nos parents et nous-mêmes. Cependant, la mort de l'auto n'est pas encore pour aujourd'hui si on doit en croire les sondages affirmant que le Belge est toujours très attaché à sa voiture (de société) et qu'il n'envisage pas directement de l'échanger comme un autre moyen de transport ou pour la mobilité partagée.
Néanmoins, en marge du Salon de l'Auto, quatre jours ont été consacrés au Salon de la Mobilité, où l'attention a été portée sur toutes les nouvelles formes de mobilité et où les start-ups ont pu faire la réclame de leur marchandise en rapport avec la mobilité. Le monde de la mobilité est donc en train de changer, même si cela ne va pas aussi vite que certains se plaisaient à le penser par le passé.
Au siècle dernier, la voiture était le symbole de la liberté individuelle et elle le restera, malgré tous les problèmes partiels, encore quelque temps, en tant que manifestation de l'individualisation poussée caractéristique de notre société ou simplement comme résultat du fait qu'encore beaucoup de gens (même si ce groupe se réduit) ont une approche émotionnelle de la voiture et disposent encore d'assez d'argent pour se permettre de garer chaque jour ce petit joujou dans leur garage.