La Brasserie des Fagnes: «La qualité d'une bière doit être telle que le consommateur ait envie d’en reprendre»

Cette année, nous partons à la découverte des brasseries qui font la renommée de nos régions. Pour cette édition, nous avons visité les locaux de la Brasserie des Fagnes en compagnie de Frédéric Adant, l'administrateur-délégué et le directeur général de la brasserie.

L'histoire?

«Mes grands-parents étaient brasseurs, comme le grand-père de mon épouse d’ailleurs. En 1900, il y avait 3223 brasseries en Belgique. À la sortie des études supérieures (je n’ai pas obtenu mon diplôme), j’ai voulu remettre sur le marché une bière régionale, la Super des Fagnes qui avait disparu depuis quelques années. La période était difficile car il y avait beaucoup de brasseries qui continuaient à disparaître et les consommateurs restaient très fermés sur leurs marques et peu ouverts à la découverte. J’ai beaucoup travaillé et en analysant le marché, sur les 89 brasseries qui subsistaient en Belgique, je me suis rendu compte que tous les sites étaient conçus pour fabriquer de la bière mais aucun n’était conçu avec une structure professionnelle pour accueillir les visiteurs et développer la partie didactique. J’ai donc créé la Brasserie des Fagnes comme un grand livre ouvert où les clients sont intégrés dans la production, peuvent dialoguer avec le maître-brasseur, assister au brassage, dans le décor d’une ancienne brasserie de 1858 reconstituée.»

Les bières?

«Nous commercialisons les bières sous les noms Fagnes et Chevetogne. La marque Fagnes comporte 6 bières dont la nouvelle Blood Orange, une bière brassée à l’orange sanguine de 7% d'alcool qui se déguste sur un lit de glace. Non sucrée avec une légère amertume fruitée, de type agrume, c’est un délice en terrasse! La Chevetogne est une belle ambrée de 6,2%. Très agréable toute l’année. La gamme Fagnes est déclinée en Blonde, Triple, Gold (légère en alcool mais plus houblonnée), Griottes (fruitée), Brune et Cuvée Constant (en hommage à mon arrière-grand-père brasseur et champion du monde de lutte en 1900). Un fameux personnage de caractère, tout comme la bière qui lui est dédiée. En une année, une quarantaine de sortes différentes de bières sont imaginées, dont seulement une dizaine commercialisée en bouteilles ou fûts, avec un nom ou une existence commerciale.»

La recette d'une bière parfaite?

«Il faut être irréprochable en qualité et en goût. Répondre à une demande. Nous devons nous démarquer de la concurrence et être la meilleure. Cela doit également rester une bière. La présentation et l’habillage doivent être particulièrement soignés car dans un rayon de magasin, le consommateur doit avoir envie de la prendre en main. Tous ces petits détails qui font que le produit doit être irrésistible ou interpellant. Et au final, la qualité doit être telle que le consommateur ait envie d’en reprendre… L’élément prix devient également un paramètre.»

Impact du Covid?

«Nous avons accusé une baisse de 35% des ventes, ce qui est énorme. Le site d’accueil et visite de la brasserie était complètement à l’arrêt. Heureusement, nous avons été imaginatifs et nous avons été pendant quelques mois le seul restaurant de Belgique à être ouvert. Nous avions plus de 600 mails de réservation par jour! Cela nous a permis de garder notre personnel, de nous lever le matin avec le sourire et de payer les factures.»

Des produits inédits?

«Nous ne servons pas de colas sur le site de la brasserie mais nous avons créé une bière pauvre en alcool avec un petit goût de cola. Elle est délicieuse et 100% naturelle! L’alcool est une conséquence de la fermentation. Nous recherchons plus le goût que le degré d’alcool. Nous ne poussons pas les jeunes à boire de l’alcool mais nous avons de belles alternatives selon les âges et préférences de chacun. Pour les étudiants universitaires, nous avons des bières originales et différentes du marché.»

L'avenir?

«Nous venons d’acquérir un site magnifique que nous sommes occupés à transformer pour la partie stockage, logistique et commerciale. D’autres projets sont en cours. L’exportation est un objectif à moyen terme (5 ans) et de belles portes s’ouvrent déjà. Mais nous consolidons nos positions en soignant nos clients horeca qui ont été fragilisés par la crise. Le marché de l’horeca est encore fragile. Ils ont besoin de notre présence et de notre soutien.»

Plus d'infos sur www.brasseriedesfagnes.com