Mentissa: «Dans les soirées VIP, j'ai toujours l'impression d'être hors sujet»
Suite à sa participation à The Voice France, une complicité est née entre Mentissa et son coach Vianney. La suite, on la connaît: Et bam, un single taillé sur mesure pour la Belge qui squatte les radios depuis un an. Alors que son premier album (La vingtaine) vient de sortir, nous avons eu la chance de papoter avec la chanteuse pour en savoir plus sur sa nouvelle vie entre Paris et Bruxelles.
GUIDO: Et bam cumule actuellement plus de 25 millions de streams, t'attendais-tu à un succès aussi retentissant?
Mentissa: Pas du tout. Une fois la chanson sortie, elle voyage à sa façon. Il n'est jamais possible de prédire le retentissement qu'elle aura. Après, c'est une histoire d'intuition, mais un tel succès, je ne l'aurais jamais imaginé. Ce titre m'a apporté beaucoup, m'a ouvert beaucoup de portes… J'étais très loin de m'imaginer que cela pouvait aller aussi vite.
«Je crois au destin»
GUIDO: Comment t'expliques-tu cette alchimie immédiate qui s'est créée avec Vianney lors de ton parcours dans The Voice France et qui s'est concrétisée avec ce single?
Mentissa: Je crois au destin, que les deux bonnes personnes se sont rencontrées au bon moment. Les planètes étaient clairement alignées à ce moment-là. Le timing était parfait.
GUIDO: Pour réaliser ton album, tu as pu t'entourer de deux grands noms de la musique (Eg White qui a collaboré avec Adele, Sam Smith ou Céline Dion et Blair MacKichan qui a notamment produit The Greatest de Sia). Qu'est-ce que cette session de travail londonienne a apporté à ton travail?
Mentissa: Dans la création de cet album, il y a eu deux temps: un premier temps où j'étais davantage investie dans la composition et beaucoup moins dans l'écriture. Étant donné que je n'avais jamais écrit en français auparavant, je ne m'en estimais pas capable. Ce voyage à Londres m'a ouvert à l'idée d'essayer d'écrire des paroles en français. C'est donc là que la deuxième partie de l'album a été créée, avec plein de titres qui se sont débloqués quand j'ai décidé d'écrire moi aussi. Londres a ainsi été un tournant décisif dans l'histoire de cet album.
GUIDO: Dans les paroles de la chanson La vingtaine, tu expliques faire «le bilan d'une vie qui vient de commencer»… Penses-tu avoir mûri plus tôt que les autres filles de ton âge suite à ta victoire à The Voice Kids en Flandre en 2014?
Mentissa: Oui, mais pas uniquement par rapport à la musique, aussi suite à certaines complications dans la vie qui t'obligent à grandir plus vite que les autres filles de ton âge. Après ma victoire à The Voice Kids, j'ai été immédiatement confrontée à la réalité du business de la musique. En fait, il ne s'est rien passé pour moi à ce moment-là. C'était un coup dur, mais qui m'a finalement aidée à avoir un certain ancrage aujourd'hui. Je reste réaliste, sans être pessimiste pour autant.
GUIDO: Cet album dresse l'autoportrait d'une fille de 23 ans, avec ses tourments et ses hésitations. Est-il 100% autobiographique?
Mentissa: La plupart des chansons de cet album sont très personnelles, sur des thèmes dont j'avais besoin de parler. J'avais l'impression de devoir vider mon sac, et c'est ce que j'ai fait à travers ce premier album. C'est en quelque sorte thérapeutique, je pense que ça peut m'aider face aux problèmes que je peux avoir au quotidien. Par contre, il y a deux titres (Mamma Mia et Prends-moi la tête) qui ne parlent pas de moi. Je trouvais cela aussi intéressant de raconter l'histoire de quelqu'un d'autre, de me mettre dans la peau d'un personnage en quelque sorte.
Mentissa dans la Star Academy?
Autre concept de télé-crochet populaire dans les années 2000, la Star Academy a fait un retour fracassant sur TF1. Mentissa aurait-elle aimé participer à cette émission? «Carrément! Pas forcément pour le côté télé-réalité qui suit les candidats au quotidien, mais plus pour l'ambiance de colo entre les candidats, qui se rapproche un peu de l'esprit de Glee, la série qui m'a donné envie de chanter. Cette ambiance, on l'a un peu vécue à The Voice aussi, tous confinés à l'hôtel, sauf que ce n'était pas filmé! Dommage pour vous!»
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«Avec les titres que j'ai écrits, je n'ai pas d'autre choix que de me livrer au public»
GUIDO: Dans Attendez-moi, tu chantes que «tout va trop vite», y a-t-il des moments dans ta vie où tu aimerais appuyer sur 'Pause'?
Mentissa: Oui car j'aime quand les choses vont lentement. Quand ça va trop vite, j'ai l'impression de ne pas pouvoir suivre la cadence. Et que ce soit pour un concert au Zénith ou dans une petite salle, mon niveau d'exigence est le même. Quand on fait trop de choses en même temps, on peut aussi devenir anxieux et perdre le plaisir du moment. Il faut que ça reste fun, et c'est compliqué pour moi quand je n'arrive pas à suivre le rythme.
GUIDO: Quand on écoute Exceptionnel, on remarque que tu préfères les soirées au coin du feu plutôt que danser sur les tables. Les soirées people, ce n'est pas ton truc?
Mentissa: Une fois de temps en temps, je ne suis pas contre une petite after pour boire un petit verre. Mais je reste - et je pense que je resterai toujours - cette fille très simple et casanière, qui aime se lover sous sa couette et boire un chocolat chaud devant la télé. Il m'en faut peu pour être heureuse: rester à l'appartement avec des tas d'amis, ça me suffit. Cela me procure plus d'émotions positives que les soirées VIP. Dans ces soirées, j'ai toujours l'impression d'être hors sujet.
GUIDO: L'album se termine sur Paris-Bruxelles, une déclaration d'amour aux deux villes de ton cœur…
Mentissa: Bruxelles, c'était la Mentissa d'avant, c'est la ville qui m'a façonnée et qui m'a permis de devenir la fille assez forte pour affronter cette vie un peu plus énergique qui règne à Paris. C'est une sorte de chemin; je n'aurais pas pu venir à Paris sans avoir réalisé tout ce que j'ai fait à Bruxelles. Forcément, j'ai toute ma famille qui habite en Belgique mais j'ai aussi beaucoup d'amis ici, une nouvelle famille qui s'est constituée à Paris.
GUIDO: Comment ta famille a-t-elle vécu ce déracinement?
Mentissa: Ils l'ont globalement assez bien vécu. Je pense que la personne pour qui cela a été le plus difficile, c'est ma maman. Elle a en quelque sorte perdu son binôme, sa confidente. Par contre, mes frères ont beaucoup de recul par rapport à la situation. Pour eux, rien n'a vraiment changé, parce que j'ai toujours chanté à la maison. Mon petit frère de 7 ans ne se rend pas compte de ce qui se passe pour moi. Il voit juste que je passe à la télé, il trouve ça cool et dit que je suis la meilleure chanteuse du monde! (rires)
GUIDO: Une tournée est annoncée pour 2023, avec un passage par la Madeleine à Bruxelles le 13 avril prochain. À quoi ressembleront tes concerts?
Mentissa: Connaissant mon rapport au public, je pense que mes concerts seront très intimistes. Avec les titres que j'ai écrits, je n'ai pas d'autre choix que de me livrer aux spectateurs et d'être proche du public.
Et les études dans tout ça?
Mentissa et les études, ce n'est pas forcément un couple gagnant! Après une année en Ressources Humaines et l'autre en communication, la jeune femme a rapidement arrêté ses études pour se consacrer à la chanson, un pari qui s'avère gagnant aujourd'hui! «J'adorais les études, mais j'ai un problème: je n'aime pas la routine. J'avais l'impression de toujours faire la même chose et je m'ennuyais. Quand je travaillais, c'était un peu pareil. En fait, la seule vie qui était faite pour moi, c'était la musique. Pendant longtemps, je me suis menti à moi-même parce que je n'osais pas franchir le pas. J'avais essayé les études et le boulot, il n'y avait rien qui m'épanouissait vraiment. Finalement, c'était la musique ou rien pour moi.»
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Photo: © Virgile Guinard