En coloc avec un réfugié: «Nous voulions que Ben se sente aussi inclus dans la coloc que nous»
Grâce au projet CALM de l'association Singa, des réfugiés sont intégrés à des colocations bruxelloises. Valentine dV, Valentine L et Alice, trois étudiantes, accueillent depuis cette année Ben, un réfugié ivoirien au sein de leur kot dans les Marolles. Elles nous expliquent les raisons qui ont motivé leur choix.
GUIDO: Pour quelles raisons avez-vous eu envie de participer à ce projet et d'accueillir un réfugié dans votre colocation?
Valentine L: Au kot, on a toujours eu une chambre libre qu’on voulait sous-louer. Au début de l’année, on voulait plutôt y accueillir des étudiants de l’étranger, pour pouvoir apprendre et partager de nouvelles cultures. Au premier quadri, nous avions une étudiante Erasmus ukrainienne et ce fut une super expérience. Pour le deuxième quadri, Valentine dV nous a présenté le projet de Singa qui consiste à héberger temporairement des réfugiés à Bruxelles. On était toutes les trois très motivées à l’idée de découvrir une nouvelle culture tout en aidant une personne dans le besoin. Je me disais que j’avais énormément à apprendre de cette nouvelle personne que nous allions accueillir, que ça ne pouvait qu’être une expérience enrichissante!
Valentine dV: Le fait que ce soit un projet commun nous a permis de nous dire que nous allions être solidaires quoiqu’il arrive. Cerise, la représentante du projet, nous a aussi énormément mises en confiance. Nous avons pu lui poser toutes les questions nécessaires.
GUIDO: Comment se sont déroulées vos premières heures de colocation avec Ben?
Alice: Ben était assez timide au début. Quand on partageait nos repas, on lui demandait si cela lui plaisait, et il répondait toujours 'oui'. Maintenant, il nous a enfin avoué que ce n'était pas le cas du tout! (rires) À part ça, les premières heures se sont super bien passées. Il s’est vite installé et s’est très vite senti chez lui, à notre plus grande joie. Nous voulions vraiment que Ben se sente aussi impliqué et inclus dans la coloc que nous.
GUIDO: Avez-vous pu discuter avec lui afin de connaître son parcours?
Valentine L: Nous connaissons un peu de son parcours, mais pas la totalité. Nos échanges sont comme ceux qu’on a avec nos amis de l’unif: autour d’un bon jus de fruits avec un peu de musique classique! Ben parle français, donc on se comprend totalement.
GUIDO: Comment se déroule votre quotidien?
Valentine L: Pour son intégration administrative et scolaire, Ben est aidé par d'autres personnes au sein de l'association. Donc avec Ben, nous avons une coloc très classique: nous répartissons la nourriture, nous avons des charges, un calendrier de kot, des soupers de kot, nous rencontrons ses amis, il rencontre les nôtres, etc. Le kot est même plus propre qu’au Q1 depuis l’arrivée de Ben…
GUIDO: Quel est le rôle de l'asbl Singa?
Valentine dV: Singa est là en cas de problème et pour toute question. À part cela, nous ne sommes pas vraiment en contact. Ils ont aussi un projet qui aide les réfugiés à s'intégrer socialement et administrativement dans le pays. Ben a donc un admin buddy et un social buddy qui l’aident de temps en temps pour des questions pratiques. Nous ne devons jamais l’aider sur ces aspects.
GUIDO: Quelle est pour vous la plus-value de ce projet?
Valentine dV: Le sens qu’on y trouve, c’est l’ouverture et la rencontre. Ben nous fait découvrir son univers, nous qui sommes toutes les trois étudiantes. Il nous ouvre à un autre rythme de vie, à sa culture, à ses amis…
Alice: Ça nous permet de découvrir une autre manière de vivre (par exemple Ben a déjà un boulot, des potes qui sont sa famille et qui sont là très régulièrement, une toute autre cuisine). Cela nous permet aussi de rencontrer du monde et de sortir de notre cercle habituel. Il y a aussi toujours de l’ambiance au kot.
GUIDO: Quelles sont les principales réactions des étudiants quand vous leur expliquez que vous kotez avec un réfugié?
Alice: Souvent, ils nous demandent s’il boit de l’alcool! Ils veulent surtout tous le rencontrer. Ils nous posent parfois des questions sur l’origine du projet et comment ça se passe. Ils trouvent souvent le projet chouette et s’y intéressent beaucoup.
GUIDO: À la lumière de votre premier mois passé ensemble, quel bilan tires-tu de cette expérience?
Valentine L: Ben est un colocataire comme Alice et Valentine dV le sont aussi pour moi. Il a ses habitudes, sa culture - plus éloignée que celle de nous trois -, son humour, ses goûts, etc. Et nous apprenons à vivre avec.
GUIDO: Seriez-vous partantes pour réitérer l'expérience l'année prochaine?
Alice: Oui, évidemment. Et je le conseille vraiment à tout le monde.