Exploits sur deux roues: KENNY BELAEY, champion du monde de bike trial
Kenny Belaey (20) et son vélo: un duo inséparable. Kenny est le seul professionnel de bike trial et est devenu champion du monde de cette catégorie en 2002. Il est clair que ce n'est pas avec cette discipline qu'il va faire son beurre, il y a en tous cas peu de monde qui connaisse l'existence de ce sport et du sportif. Entretien avec ce spécimen unique.
"Le bike trial est le sport le plus technique qui peut être effectué avec un vélo," déclare Kenny. "Le but est de rouler sur des obstacles et d'essayer d'avoir le moins de pénalités possible. Les obstacles varient des rochers aux racines d'arbre, rivières, talus ou une combinaison du tout."
Un vélo à la place du moteur GUIDO: Quand as-tu attrapé le virus du bike trial? Tu aurais aussi très bien pu opter pour des sports plus lucratifs et populaires comme le moutain bike, le cyclo-cross ou le cyclisme traditionnel…
Kenny: Autrefois, mon père faisait du motor-trial. Je le voyais souvent à l'œuvre, étant gamin et je voulais aussi essayer. C'est devenu tout simplement un vélo à la place du moteur. J'ai commencé à l'âge de neuf ans. Très tôt donc. Pourquoi ne pas avoir choisi un autre sport de vélo? J'ai essayé la combinaison du cyclo-cross et du trial, mais j'avais trop peu de temps pour m'entraîner assidûment à ma passion. En hiver, je roulais régulièrement sur la route, simplement pour rester actif, ce n'était pas une ambition.
GUIDO: Et tu essaies de gagner de l'argent avec ce sport. Ça te réussit quelque peu?
Kenny: En fait, ça marche pas mal, autrement je n'aurais pas choisi un statut de prof. Je ne peux pas vivre uniquement de l'argent des compétitions. Je ne suis pas Kim Clijsters, mais, grâce à mon contrat avec Vlaanderen T-Interim et quelques autres sponsors, je ne peux pas me plaindre. De plus, je gagne pas mal de sous grâce aux shows que je fais de temps en temps et aux bénéfices de la promotion de notre entreprise. Les chiffres de vente de notre asbl, laquelle est gérée par mon père, doivent aussi être examinés. Nous vendons des vidéos, des vêtements, des vélos et nous faisons la promotion du trial à travers le monde. Ainsi, j'ai aussi quelque chose pour plus tard, car le trial se pratique jusqu'à 30 à 33 ans maximum. A ce moment, je ne pourrai toujours pas vivre de mes rentes. S'il y avait un quelconque problème avec notre entreprise, je pourrais toujours retourner dans le commerce de mon père. Je savais à l'avance que je ne serais jamais riche grâce à ce sport, mais je trouve cela déjà formidable de pouvoir le faire en tant que prof.
Le public comme obstacle
GUIDO: Tu es le seul prof de bike trial au monde. Tu ne préférerais pas avoir un peu plus de concurrence?
Kenny: Ne te fais pas de souci: la concurrence est bel et bien là et elle devient de plus en plus importante. Au dernier Championnat européen, je me suis fait dépassé par un français et dans les prochains concours, j'ai encore perdu. Je trouve cela très positif pour le sport, mais aussi pour moi-même: ça veut dire que je dois toujours mettre la barre un peu plus haut et il y aura donc plus d'intérêt de la part du public et de la presse. Au dernier Championnat à Graz, une grande foule était présente et la presse ne manquait pas non plus. Il y a donc un mieux pour ce sport.
GUIDO: Tu organises aussi des shows. A quoi doit-on s'attendre: une parade genre EuroDisney ou quelque chose dans le style des Harlem Globetrotters?
Kenny: Je préfère la seconde proposition. Je m'occupe avec mon plus jeune frère Wesley - numéro un mondial chez les cadets - de plusieurs événements, du plus petit au plus grand. Je pense qu'à présent, nous devons à peu près avoir été dans chaque recoin de la Belgique. Tu peux admirer nos performances dans des foires, des galas sportifs, des épreuves cyclistes, des bourses, des festivals, des journées portes ouvertes… Une remorque de deux mètres de haut et un side-hop act (un système comme dans le saut en hauteur mais sans élan) sont quelques-uns des obstacles à surmonter. Le moment le plus intense d'un show est celui où l'on utilise le public comme obstacle. Sauter au-dessus d'un maximum de gens… sans tremplin évidemment!
Bart Deman www.belaey-trials.be