LUC PICHON: "L'escrime manque cruellement de moyens en Belgique"
Rencontre avec Luc Pichon, l’un de nos trop méconnus escrimeurs belges. Eh oui, vous ne le saviez pas? La Belgique peut se prévaloir d’avoir des escrimeurs de niveau mondial. Par exemple, l’équipe nationale de fleuret a raté de justesse sa qualification pour les JO contre la Russie. Le saviez-vous? Le cinquième meilleur escrimeur au monde est belge!
Luc va nous parler de tout ça...
Comment concilier études et compétitions?
GUIDO: Depuis combien de temps pratiques-tu ce sport?
Luc: Cela fait maintenant 15 ans que je pratique l’escrime, j’ai commencé à l’âge de 8 ans et je fais maintenant partie de l’équipe nationale d’escrime depuis 4 ans.
GUIDO: Les compétitions auxquelles tu participes sont d’un certain niveau, ça doit demander un certain investissement?
Luc: Ça demande un réel investissement, c’est sûr! J’ai fait une licence en éducation physique à l’ULB, que j’ai terminé l’an dernier. J’ai réellement commencé à m’entraîner plus sérieusement à partir de la première licence. Donc, pendant 2 ans, j’ai du concilié sport et études! J’ai pu bénéficier de certains arrangements avec l’Institut afin de pouvoir sérieusement m’entraîner et réaliser des performances en compétition. C’est difficile de concilier les deux car les périodes de compétition en fin d’année correspondent souvent aux périodes des examens. Il faut donc faire de vrais sacrifices.
GUIDO: Donc, vivre ta vie d’étudiant à côté des études devenait presque chose impossible...
Luc: J’ai vécu ma vie d’étudiant en première et deuxième candidatures, mais c’est vrai que pendant les licences, j’ai du faire un choix et je ne le regrette pas.
GUIDO: Que dirais-tu à des étudiants qui désirent concilier un sport de haut niveau avec leurs études?
Luc: Etre conscient des objectifs qu’ils se sont fixés! Ne pas se lancer dans cette aventure-là sans y avoir bien réfléchi parce que ce n’est pas facile du tout. Ce que je peux conseiller, c’est du courage, de la volonté et bien se fixer des objectifs.
On ne devient pas mousquetaire en un jour
GUIDO: Est-ce que l’escrime est un sport accessible à tous?
Luc: C’est un sport qui est accessible à tous, néanmoins, il requiert des qualités mentales et physiques certaines. L’escrime est un peu considérée comme un jeu d’échec mais c’est beaucoup plus physique et il faut toujours avoir une idée d’avance sur son adversaire. Contrairement à pas mal d'autres sports, il faut beaucoup de temps pour pouvoir vraiment s’amuser, pour pouvoir vraiment prendre du plaisir. Il faut au moins 2 ou 3 ans pour avoir acquis les bases nécessaires pour pouvoir s’amuser.
GUIDO: On ne devient pas mousquetaire en un jour...
Luc: En effet, on se prend peut-être pour d’Artagnan, mais ce n’est pas pour ça qu’on l’est! (
rires)
GUIDO: Le fleuret et l’escrime en général ne sont pas des sports très connus et médiatisés, comment expliques-tu cela?
Luc: Les règles ne sont pas toujours faciles à comprendre pour l’amateur. L’école francophone est en train de décoller entre autres grâce au COIB. Maintenant, on a une salle permanente à Jambes pour s’entraîner, on travaille avec des médecins, des kinés et des psychologues! C’est un sport qui s’est vraiment professionnalisé mais qui gagnerait encore à se faire connaître. C’est pour cela qu’une qualification pour les Jeux avec la télé et les sponsors aurait pu engendrer un certain engouement pour ce sport.
GUIDO: C’est pourtant un sport qui pourrait avoir son succès auprès du public. C’est quand même assez impressionnant!
Luc: C’est beau à voir à la télé mais les seules images qu’on en voit, c’est lors des Jeux Olympiques et seulement sur les télévisions françaises. Même si ça s’améliore tout doucement, l’escrime est un sport qui manque cruellement de moyens par rapport à des pays comme la France ou l’Italie où l’escrime peut être suivie comme le foot chez nous en sport-études. Mais évidemment, souvent, les ministres des sports dans ses pays ne se consacrent qu’à ça car ce sont souvent d’anciens champions...
GUIDO: Eh oui, la politique régit nos vies et nos sports. Ainsi va la vie... (GP)