Jelle Rigole: Le surfeur au grand cœur
Il y a exactement dix ans, Jelle Rigole découvrait le surf. Depuis, il n'a plus jamais quitté sa planche. Que du contraire, après avoir maitrisé des milliers de vagues, ce jeune homme de 25 ans a rejoint l'Inde où il passe quatre mois par an à apprendre le surf aux enfants les plus démunis afin de les éloigner des tentations de la rue. Derrière la coiffure rasta se cache donc un grand cœur. Nous l'avons rencontré afin d'en savoir plus...
GUIDO: As-tu toujours eu le goût de l'aventure?
Jelle: Quand j'étais petit, j'ai beaucoup voyagé avec mes parents et mon petit frère, mais principalement en Europe. C'est mon père qui m'a ouvert les portes du monde, en m'emmenant au Sri Lanka pour mon seizième anniversaire. Ce fut une expérience intense et très instructive, ça m'a donné envie de continuer dans cette voie. J'ai quand même suivi des études - un premier essai en sciences politiques et sociales et ensuite un diplôme en assistant social - mais les bancs de l'école me rendaient fou. Heureusement, durant ma dernière année, j'ai pu effectuer mon stage chez Sebastian Indian Social Projects (SISP), une ONG qui aide les populations locales dans les villages de pécheurs de l'Inde. C'est là que tout a commencé.
GUIDO: Raconte!
Jelle: En plus de ma propre planche de surf, j'y ai également amené quelques surfs de deuxième main pour les jeunes. 'Qui sait, peut-être allaient-ils être intéressés', j'ai pensé. J'ai très vite été l'attraction du village quand je prenais les vagues et de plus en plus d'enfants m'ont demandé de leur apprendre la discipline. Je leur ai promis de revenir, ce que j'ai fait. Le Kovalam Surf Club a tout de suite été un gros succès. Le club, le polyester pour réparer les planches, la nourriture et les boissons sont offerts aux enfants, étant donné qu'ils n'ont pas d'argent pour manger. Au début, j'achetais des surfs d'occasion pour les emmener en Inde, mais le projet a pris tellement d'envergure que j'ai pu obtenir cette année une vingtaine de planches gratuites.
GUIDO: Tu vis là-bas dans le luxe ou plutôt modestement?
Jelle: Avant, je me réveillais souvent en pleine nuit après avoir rencontré des familles très pauvres. Je me reprochais de pouvoir prendre une douche et ouvrir une bière. Surtout quand on sait que pour le prix d'une bière, une famille peut manger et boire pendant une journée entière. Finalement, j'ai remarqué que j'étais le seul à m'en faire. Pour les Indiens, je reste riche, que je boive une ou deux bières, mais je n'exagère naturellement pas en le faisant devant tout le monde. Je vis donc plutôt de façon modeste et j'essaie de partager mon argent le plus possible.
GUIDO: Quelle satisfaction t'apporte ce projet?
Jelle: Je suis tout d'abord super heureux d'apprendre qu'ils vont tous les jours à l'école. A côté de cela, ils essaient de régler leurs problèmes avant d'en venir aux mains et ils sont en plus très motivés d'apprendre à surfer. On voit aux étincelles dans leurs yeux que l'amour et l'attention que je leur porte ne sont pas vains, ce dont ils manquent cruellement, vu que les abus et les mauvais traitements sont monnaie courante dans leur quotidien. Tu sais, j'assiste trop souvent à des situations qui me donnent les larmes aux yeux, mais d'un autre côté j'ai chaque jour un intense sentiment de satisfaction.
GUIDO: Les enfants indiens arrivent-ils à prononcer ton nom?
Jelle: Jelle, tel qu'il doit normalement être prononcé, non. Je me présente souvent en utilisant Jella, mais c'est alors vite transformé en Jello. (rires) Un autre de mes surnoms est Mudiappan, ce qui signifie plus ou moins ‘hairy man’. Ce qui renvoie clairement à mes dreadlocks.
GUIDO: Encore félicitations pour ton projet, Hairy Man!
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