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14/12/2009

Interview de Jean-Claude Marcourt

Depuis juillet, il est le nouveau Ministre de l'Enseignement Supérieur de la Communauté Française. Après l'avoir laissé se familiariser avec cette nouvelle fonction, GUIDO a décidé de rencontrer Jean-Claude Marcourt (PS) afin de récolter ses premières impressions sur sa nouvelle mission.


GUIDO: L'enseignement supérieur était-il un domaine de compétences qui vous attirait personnellement?
Jean-Claude Marcourt
: On n'imagine jamais vraiment être Ministre d'une compétence particulière. Cependant, j'ai toujours été intéressé par l'enseignement supérieur. Et depuis le 16 juillet, date de ma nomination, j'y ai encore pris plus d'intérêt. 
 
GUIDO: Ce poste est souvent contesté par les étudiants…
Jean-Claude Marcourt
: C'est un domaine dans lequel beaucoup ont des opinions tranchées, en effet. Se frotter au monde étudiant, c'est entrer en liaison directe avec des éléments de contestation. Quand on est socialiste, on est habitué à la contestation. Ce n'est pas gênant donc, l'important étant d'établir des dialogues et de développer un projet collectif. Les opinions différentes rendent la mission encore plus stimulante.
 
«Il est impossible de faire abstraction de sa vie personnelle»
 
GUIDO: Vous est-il déjà arrivé de repenser à vos propres années d'études au moment de prendre une décision importante pour les étudiants actuels?
Jean-Claude Marcourt
: Il est impossible de faire abstraction de sa vie personnelle quand une décision doit être prise. Cependant, les circonstances d'aujourd'hui ne sont plus les mêmes que celles qui présidaient au moment où j'ai suivi mes études. Se remettre dans le contexte de l'époque serait donc se tromper. Par contre, ma fille suit des études universitaires, il m'arrive donc souvent de parler avec ses amis afin de connaître leurs opinions et découvrir comment ils vivent une certaine situation. Ce contact avec les étudiants est quelque chose de très enrichissant pour moi.
 
GUIDO: Quelles différences notez-vous entre les étudiants d'alors et ceux de maintenant?
Jean-Claude Marcourt
: En termes de gestion étudiante, les vecteurs actuels de communication sont bien plus développés. Si les activistes de mon époque en avaient bénéficié, leur puissance de feu aurait été considérable! Pendant mes études, j'avais quelques amis trotskistes qui se seraient régalés de pouvoir utiliser un outil comme Internet afin de mobiliser un maximum de monde. Par contre, dans les postures intellectuelles, les choses n'ont pas considérablement changé. Ce qui a changé, c'est la nature des combats. Aujourd'hui, on voit des décrets de participation, ce qui aurait été inimaginable à Liège au moment de mes études.
 
GUIDO: Les étudiants sont-ils plus politisés qu'auparavant?
Jean-Claude Marcourt
: Je n'en suis pas sûr. Par contre, il y a des thématiques qui ont largement évolué entre le moment où j'ai fait mes études et aujourd'hui, comme le dérèglement climatique par exemple. La génération Internet a modifié le rapport au monde. Les jeunes ont également désormais aussi la chance de pouvoir voyager plus facilement à l'étranger.
 
GUIDO: La mobilité étudiante est donc importante pour vous?
Jean-Claude Marcourt
: C'est quelque chose sur lequel nous travaillons beaucoup. Notamment sur la co-diplômation afin de permettre aux jeunes qui vivent dans un monde globalisé de pouvoir effectuer des séjours à l'étranger.
 
«Tout ne se réglera pas en un seul tour de cuiller à pot»
 
GUIDO: Vous avez déjà eu des contacts avec la FEF (Fédération des Etudiants Francophones) et l'Unécof (Union des Etudiants de la Communauté Française).
Jean-Claude Marcourt
: En effet. Selon moi, il ne suffit pas de revendiquer, surtout dans la situation où nous sommes (la pire situation budgétaire que le pays ait connue). Leurs attentes sont bien sûr extrêmement importantes et plusieurs chantiers ont été lancés. Des chantiers qui seront menés à terme en temps et en heure. Je comprends leur impatience (on vit dans une société de l'instantanéité), mais en ce qui concerne ces différents dossiers, il faut travailler sur le long terme et ça ne se règlera pas en un seul tour de cuiller à pot. Nous projetons de lancer des tables rondes auxquelles les étudiants seront évidemment associés.
 
GUIDO: Quels seront les grands axes de votre politique au niveau de l'enseignement supérieur?
Jean-Claude Marcourt
: Ce qui me semble le plus urgent à régler, c'est l'échec scolaire. Deuxièmement, l'accessibilité aux études de toutes les catégories sociales est également un point très important.
 
GUIDO: Concernant l'échec scolaire, vous aviez soumis l'idée d'intégrer des enseignants du secondaire en tant qu'assistants en première année de bachelier afin de faciliter cette transition…
Jean-Claude Marcourt
: Tout le monde serait gagnant dans cette formule selon moi. Autant les étudiants que les enseignants concernés pour qui accompagner des jeunes dans l'enseignement supérieur constituerait un défi intéressant. Cela pourrait être enrichissant en termes pédagogiques pour toute l'université, notamment pour les professeurs et assistants qui pourraient profiter du vécu des enseignants du secondaire qui, eux, ensuite regagneraient leur établissement avec une plus-value supplémentaire. On a beaucoup à y gagner.
 
«J'ai toujours été contre le numerus clausus»
 
GUIDO: Le coût des études est également au centre de vos préoccupations…
Jean-Claude Marcourt
: Notre minerval est parmi les plus faibles d'Europe Occidentale. A côté de cela, on note beaucoup de coûts indirects qui, eux, sont extrêmement variables, selon les établissements, selon le type de cursus suivi, liés à la situation géographique, … Tous ces coûts peuvent représenter une charge excessive pour les parents. Toutes les familles ne sont pas capables de les assumer. On essaie donc de trouver des solutions pour diminuer des coûts, avec la réduction de l'abonnement TEC de 50% par exemple.
 
GUIDO: Vous avez également proposé l'idée de plafonner le prix des kots…
Jean-Claude Marcourt
: On s'est vite rendu compte de deux problèmes en ce qui concerne les kots: leur nombre et leur qualité. Dès que le dossier a été mis sur la table, les universités ont confirmé qu'elles avaient développé des plans de construction de nouveaux kots. Il faut mobiliser les ministres régionaux du logement, les bourgmestres concernés afin de mettre des kots à disposition des étudiants afin qu'ils puissent suivre leurs études de la meilleures des façons.
 
GUIDO: Et le numerus clausus?
Jean-Claude Marcourt
: Personnellement, j'ai toujours été contre le numerus clausus. C'est contraire-même à l'esprit d'une Alma Mater. D'ailleurs, la déclaration de politique communautaire déclare que nous devons trouver une alternative à celui-ci. La situation actuelle est la suivante: nous sommes face à un système fédéral qui donne un nombre de numéros Inami par an (on a lancé un dialogue avec le fédéral pour revoir à la hausse le nombre en question vu que nous manquons actuellement de pédiatres, de gériatres ou de médecins dans le milieu rural). Chaque fois qu'on ouvre le dossier, il semble qu'on manque de médecins alors que, paradoxalement, on rationnalise la profession. Nous réfléchissons à harmoniser le système pour parvenir à cette école de la réussite (ndlr: entre la réalisation et la parution de cette interview, une nouvelle idée a été mise sur la table: un test d'aptitude avant la première année de médecine).
 

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