Le Cercle IPSMa: «A Charleroi aussi, les guindailles existent»
Suite à leur demande par e-mail, nous avons rencontré quatre (anciens) membres du Cercle IPSMa (Institut Provincial Supérieur de Marcinelle) qui souhaitaient faire connaître le folklore étudiant de Charleroi. C'est dans le repaire des étudiants carolos (le Corto) que nous avons taillé une bavette avec JC, Geoffrey, Nicolas et Stan autour de quelques bières bien fraîches.
GUIDO: Stan, toi qui venais de Bruxelles, comment s'est déroulée ton incursion dans le folklore carolo?
Stan:Après mes études à Bruxelles, je me suis vite imprégné du folklore penné de Charleroi. C'était quelque chose qui me correspondait beaucoup plus, un peu plus bourrin mais toujours dans le bon esprit par rapport au folklore pète-pète de Bruxelles. Là-bas, si on te demande de te foutre à poil et que tu le fais, les gens sont choqués, contrairement à ici où c'est le plus naturel du monde! (rires) Je me suis donc vite senti dans mon élément à Charleroi.
GUIDO: Quelle est l'historique du Cercle IPSMa?
Stan:Cette année, le Cercle IPSMa en est à sa 37ème année de baptême.
Geoffrey:Le cercle compte actuellement une trentaine de membres actifs. Il est né en 1972 et il n'y a qu'en 2005 qu'il n'a compté aucun bleu. Stan:Ensuite, trois personnes extérieures à l'IPSMa ont relancé le cercle l'année suivante.
Geoffrey:Ce qui a donné une impulsion aux autres cercles de Charleroi qui ont suivi le mouvement. Si je devais résumer cela en un seul mot, je dirais cohésion. Les cercles de Charleroi s'entraident tous entre eux, ce qu'on ne retrouve pas forcément dans d'autres grandes villes comme Namur, Louvain-la-Neuve ou Mons. C'est plus convivial.
Le folklore reste, les traditions évoluent
GUIDO: Avez-vous une chanson fétiche ou un personnage emblématique au sein de votre cercle?
Geoffrey:Une de nos chansons fétiches reste toujours Lolotte, un chant carolo que tout le monde connaît dans la région. Forcément aussi, Pays de Charleroi.
Stan:Ce qui représente l'IPSMa, c'est aussi Casimir, le symbole du cercle. Le cri de l'IPSMa est d'ailleurs calqué sur l'air de L'île aux enfants.
GUIDO: Comment se déroule le recrutement du Cercle IPSMa?
Stan:Pendant quelques années, on a eu quelques difficultés avec les directions qui essayaient d'éjecter le baptême des écoles. Selon eux, le baptême n'avait qu'une connotation négative et n'apportait rien de positif. Avant, on avait le droit de faire un speech dans l'auditoire lors de la première journée de cours alors qu'aujourd'hui le comité n'a le droit que de distribuer des folders au sein de l'école.
GUIDO: Y a-t-il beaucoup de filles au sein du Cercle IPSMa?
Geoffrey:On a beaucoup de filles, on n'a pas à plaindre de ce niveau-là. Elles sont plutôt mignonnes en plus!
GUIDO: Les baptêmes carolos sont-ils plus trash que ceux des autres villes universitaires?
Geoffrey:On casse souvent du sucre sur les baptêmes de Charleroi. Lors d'une bibitive à Louvain, on m'a même ri au nez quand j'ai dit que j'étais baptisé à Charleroi. Le problème, c'est que ces gens ne se déplacent jamais pour y assister et ont donc de fameux préjugés à notre égard.
Nicolas:A une certaine époque que l'on n'a pas connue, il y avait même plus de baptisés à Charleroi qu'à Namur. C'est difficile à comprendre pourquoi tout cela s'est un peu perdu au cours des années.
Stan:Pour avoir vécu le baptême à Bruxelles et ici, j'ai noté quelques différences flagrantes. A Marie Haps (où il y a une majorité de filles), le baptême est un peu gentillet par rapport à celui de l'IPSMa. Ici, on essaie de suivre une courbe entre le gentil et le crade pour que le bleu ait le temps de s'habituer aux bleusailles. Tout en gardant à l'esprit que le bleu n'est qu'une sous-merde de prolétaire pendant toute la durée des bleusailles! Le folklore reste, les traditions évoluent.
Nicolas: Je pense que nos baptêmes n'ont rien à envier à ceux des autres campus universitaires plus importants. La seule différence, ce sont les moyens mis à notre disposition, vachement moindres par rapport à des cercles bruxellois ou louvanistes.
Geoffrey:On a beaucoup plus difficile à survivre que d'autres cercles car l'argent vient uniquement de notre poche, de la quête des bleus, etc.
Une penne d'honneur à 38 ans!
GUIDO: Avez-vous quelques anecdotes à partager avec nous?
Geoffrey:Une anecdote? A l'appart… (coupé par les autres, il nous racontera les détails croustillants de cette aventure une fois le micro coupé!).
JC:Comme vous le voyez, je ne suis plus du tout étudiant (ndlr: il a 38 ans et est le patron du Corto). Et j'ai eu l'occasion de passer une penne d'honneur à l'IPSMa l'année passée. Et ce n'était pas triste à voir! Il me reste encore aujourd'hui une grosse barre au milieu du front et beaucoup de souvenirs…
Geoffrey:Moi, je me souviens d'une de mes bleusailles dans les rues de Charleroi. On était tous à la queue-leu-leu quand le conducteur d'une grosse Mercedes s'est arrêté et nous a donné deux billets de vingt euros pour notre quête. Certainement un ancien baptisé. Comme quoi, on en trouve même parmi les chefs d'entreprise!
Stan:Il y a deux ans, à la date de mon anniversaire, c'était le jour du tribunal. En tant qu'anciens, on s'est retrouvé un peu à l'écart de l'activité à boire et faire un feu dans les bois de l'IPSMa. On a alors accueilli chaque bleu après son tribunal et discuté avec eux de leur future vie de baptisé. C'était un moment exceptionnel, j'ai fêté mon anniversaire pendant cinq jours avec tous les baptisés! La bleusaille, ce n'est pas que se clasher ou boire, ce sont aussi des amitiés qui se créent.
Nicolas:Il y a aussi un comitard qui a perdu ses dents en guindaille! (rire général)
Geoffrey:Moi en l'occurrence! Lors d'une soirée, j'ai réceptionné mes dents sur le parquet. Il y a encore un trou dans le sol si tu regardes bien! Je me suis donc dirigé vers Stan, mon parrain, en lui disant: «je pense qu'on doit aller à l'hôpital». Ce à quoi il me répond: «pourquoi?». Après un beau sourire de ma part, il a enfin compris le problème!
GUIDO: Comment motiveriez-vous nos lecteurs à venir faire la fête à Charleroi?
Geoffrey:Pour qu'ils ne restent pas dans l'ignorance, fassent connaissance avec nos traditions et voient de leurs propres yeux qu'il y a une vie estudiantine à Charleroi.
Stan:On reste ouverts sur la guindaille extérieure, il nous arrive en effet souvent d'aller à Bruxelles ou Louvain-la-Neuve. Alors, pourquoi les étudiants des autres campus ne feraient-ils pas de même? On a même créé des liens privilégiés avec des cercles de Nivelles, par exemple.
JC:On a le contact facile à Charleroi, on les accueillera donc les bras grands ouverts! Et attention à eux s'ils viennent ici, pas de charrette au Corto!
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