NAKI POWER: «Le mythe du fondateur solitaire n’est pas rassurant pour lever des fonds, sauf si on est Elon Musk!»
Si tu es étudiant dans la capitale, tu as certainement déjà dû croiser les stations de batteries portables Naki lors de tes sorties. Présentes dans les bars, restos et gares de Bruxelles, celles-ci te permettent de recharger ton smartphone en déplacement. Derrière ce concept se cache Zac Aghemio (29 ans) qui nous parle plus en détails de cet ingénieux concept.
GUIDO: Te lancer dans un projet en tant qu'indépendant, c'était une évidence ou plutôt un hasard?
Zac: C’est venu de mes expériences, celle de Circ en particulier (ndlr: Zac a participé à la création de la start-up de partage de trottinettes en libre-service). Si tu m’avais posé la question à la sortie de l’université, je n’aurais jamais pensé être entrepreneur. Après, voir des gens le faire à côté de toi, ça te montre que tu n’as pas besoin d’être le meilleur ou le plus malin, que tu as juste besoin de le faire.
GUIDO: Si tu devais résumer le concept de Naki Power en moins de dix lignes, comment le ferais-tu?
Zac: Chez Naki, on encourage une économie collaborative, où les biens sont partagés au lieu d'être achetés de manière compulsive et abandonnés après quelques utilisations. On commence avec les batteries portables. On se retrouve en effet trop souvent dans des situations où on a besoin d’un chargeur, alors qu'on a acheté une batterie portable qu’on a utilisée une fois et laissée dans un tiroir depuis lors. Pour lutter contre cela, nous avons construit le plus grand réseau de batteries portables partagées en Europe.
GUIDO: Quel est le coût de ce service?
Zac: L’utilisateur paye 1 € par tranche de 30 minutes. Nos batteries rechargent plus vite que le chargeur prise classique, donc pour 1 ou 2 €, vous avez un téléphone chargé, tout en le gardant avec vous. Si jamais l’utilisateur ne retourne pas la batterie, nous facturons maximum 6 € par jour pendant 5 jours. Dans le cas où la batterie n’est jamais remise, nous facturons 50 € sur la méthode de paiement et la batterie devient la propriété de l’utilisateur. Notre but est d’encourager le partage de ces batteries, et non la vente, d’où le prix élevé en cas de non-retour.
GUIDO: Dans combien de lieux êtes-vous présents en Belgique?
Zac: Un peu plus de 600, principalement sur Bruxelles, Gand et Anvers. On est à la fois dans les bars, cafés, restos, mais également dans une série de lieux de passage: gares, centres commerciaux, aéroports. En téléchargeant l'app, on voit à combien de minutes de marche est la batterie la plus proche.
GUIDO: Vous êtes également présents dans d'autres pays européens?
Zac: En Europe, on a plus de 2200 stations réparties entre la Suède, l’Espagne, la France et l’Allemagne. Mais ce n’est pas tout, on travaille avec un partenaire australien, sous un autre nom de marque, et nous avons également plus 700 stations déployées à Sydney et à Melbourne.
GUIDO: Quel est le profil de vos principaux utilisateurs?
Zac: Tout le monde a besoin de batterie, comme tout le monde a besoin de manger et tout le monde a besoin de se déplacer. Mais aujourd’hui, nos plus nombreux utilisateurs sont les 18-35 ans, en allant des étudiants aux jeunes travailleurs. Néanmoins, ils ont tous une chose en commun, ils ont un certain sens du nomadisme et passent la majeure partie de leur temps dehors.
GUIDO: On suppose que la Covid a dû donner un sérieux coup de frein à votre activité, étant donné les confinements obligatoires pour les utilisateurs… Vous avez traversé cette épreuve sereinement ou les doutes ont émergé dans vos esprits?
Zac: Covid ou pas Covid, on a toujours des doutes! Parfois un peu plus, parfois un peu moins, ce qui compte c’est d'être constant et de continuer à croire en ce qu’on fait, comme pour tout dans la vie.
GUIDO: Vous avez lancé ce concept à deux, quels sont les avantages et inconvénients de se lancer à deux en tant que starters?
Zac: On a des forces et qualités différentes, ça permet de se concentrer uniquement sur les taches auxquelles on a le plus de valeur ajoutée. Ça rassure les investisseurs sur notre capacité à mener ce projet à bien, le mythe du fondateur solitaire n’est pas rassurant pour lever des fonds, sauf si on est Elon Musk! Être à deux montre notre capacité de bosser avec d’autres et de fédérer d’autres talents autour du projet, ce qui est un challenge pour les petites entreprises. À part ça, ça mène parfois à des opinions différentes, à des conversations épicées, mais sans ça, Naki serait une dictature et n’irait probablement pas dans la bonne direction.
GUIDO: Avez-vous maintenant d'autres projets pour la suite?
Zac: Bien entendu, certains verront le jour assez rapidement, d’autres dans les 2 ou 3 prochaines années, on ne va pas vous spoiler! (rires) Mais je vous rassure, tous nos projets restent en lien avec notre vision et continueront de construire la ville de demain!
Comment ça marche?
L'application (Naki Power) te permet de localiser les stations dans les grandes villes européennes. Ensuite, il te suffit de scanner le code QR sur pour déverrouiller une batterie portable. Tu charges ton téléphone (en payant selon le temps utilisé) et tu rends la batterie dans n'importe quelle station du réseau.
Plus d'infos sur nakipower.com