KIWO: Quand 4 jeunes réinventent les distributeurs automatiques de boissons
Frustrés par les distributeurs automatiques de boissons à l'empreinte écologique trop marquée, quatre amis ont décidé de lancer un nouveau concept: KIWO, des distributeurs de boissons saines, écolos et personnalisées. On a rencontré Mathieu Engels, le cofondateur de ce projet insolite.
GUIDO: Comment est née l'idée de développer KIWO?
Mathieu: L'idée est née d'une situation assez banale! J'étais dans une salle d'étude avec un ami qui enchaînait les canettes de soda. À un moment, quelqu'un lui a lancé en rigolant: «Tu devrais avoir ton distributeur portable avec toi!» Au lieu de laisser tomber la blague, on s'est dit: «Et si on lui créait vraiment un mini-distributeur pour son kot?» On était parti pour s'amuser, bricoler quelque chose de fun. Mais en creusant le concept, on a réalisé deux choses: d'abord, les boissons des distributeurs classiques sont bourrées de sucre et d'additifs. Ensuite, il y a un vrai marché pour des solutions plus saines et écologiques.

«L'enthousiasme des étudiants pour le concept nous a vraiment marqués»
GUIDO: Pourquoi ce nom?
Mathieu: C'est une anecdote assez drôle! Nous étions en plein premier rendez-vous avec un directeur d'entreprise pour tester la désirabilité de notre concept. L'entretien s'était super bien passé, il était vraiment intéressé par le projet. À la fin, il nous demande le nom de notre projet. Le problème, c'est qu'on n'avait encore rien! Pas de nom, rien d'officiel. J'ai dû improviser sur le moment. J'ai réfléchi super vite à quelque chose qui sonnait bien, avec une petite consonance tropicale et moderne. Et voilà, c'est comme ça que KIWO est né! Dans l'urgence de notre premier rendez-vous client.
GUIDO: Comment résumerais-tu le concept de KIWO en quelques mots?
Mathieu: KIWO est un distributeur de boissons à la demande qui supprime totalement les bouteilles et canettes jetables. Il prépare sur place des boissons saines et personnalisées, tout en divisant par six l’empreinte carbone liée à la production, au transport et à la réfrigération. Pensé pour les campus et les espaces de travail, KIWO allie simplicité d’utilisation, durabilité et impact environnemental minimal.
GUIDO: Comment cela marche-t-il concrètement?
Mathieu: Le principe est assez révolutionnaire par rapport aux distributeurs classiques. On se raccorde directement à une arrivée d'eau, qu'on filtre pour garantir une qualité optimale. Ensuite, on refroidit cette eau filtrée et on la gazéifie si nécessaire selon la boisson choisie. La vraie innovation, c'est qu'on ne mélange les ingrédients actifs qu'au moment de servir la boisson. Cela nous permet de proposer une qualité de boissons vraiment supérieure: ultra-fraîche, avec des saveurs plus pures et naturelles. L'utilisateur sélectionne sa boisson sur un écran tactile intuitif placé devant la machine, il paie directement sur l'interface, et sa boisson est préparée à la demande en quelques secondes. C'est exactement l'inverse d'un distributeur traditionnel: au lieu de stocker des centaines de bouteilles préfabriquées dans un énorme frigo qui tourne 24h/24, on produit chaque boisson individuellement, fraîche, au moment où le client la commande. Plus efficace énergétiquement, plus frais, plus sain!
GUIDO: As-tu déjà pu tester ton concept en 'vrai'?
Mathieu: Oui, on a eu la chance de faire un test d'un mois à la BST (Bibliothèque Sciences et Technologies) sur le campus de l'UCLouvain. Les retours ont été absolument fantastiques! En un mois, on a vendu 300 boissons, ce qui était très encourageant pour un premier test. Mais au-delà des chiffres, c'est surtout l'enthousiasme des étudiants qui nous a marqués. Ils étaient vraiment curieux du concept, posaient des questions sur le fonctionnement et beaucoup sont revenus plusieurs fois.

«On a réussi à transformer notre blague d'étudiant en vrai projet durable!»
GUIDO: Comment toute cette aventure a-t-elle commencé?
Mathieu: Tout a vraiment commencé grâce à Startech, un programme entrepreneurial qu'on a suivi en Bac 3. Ce programme nous poussait à créer quelque chose de concret et à essayer de le vendre - exactement ce qu'il nous fallait pour transformer notre blague de salle d'étude en vrai projet! Ensuite, on a rejoint l'Incubateur LLN pour donner une vraie crédibilité au projet et apprendre à développer notre concept de manière professionnelle. C'est là qu'on a vraiment transformé notre idée en business plan viable. Pour le prototypage, on s'est tournés vers le MakiLab de l'OpenHub où on a pu concrétiser nos idées techniques et avec l’aide de Quimesis, une boîte dans la consultance technique, nous avons pu mettre le premier distributeur sur plan pour le fabriquer nous-mêmes.
GUIDO: Cet esprit d'entrepreneuriat a-t-il toujours fait partie de toi?
Mathieu: Oui, j’avais monté des mini-entreprises en rhéto et je m’étais juré d’entreprendre en permanence. C’est seulement en se lançant qu’on se creuse vraiment la tête et qu’on développe des stratégies de vente. Comprendre le client est passionnant à bien des égards.
GUIDO: Être quatre à la tête d'un projet, est-ce un avantage ou un inconvénient?
Mathieu: Être quatre à porter ce projet a été une véritable force: la diversité de nos profils et de nos compétences nous apporte sans cesse de nouvelles idées et nous permet de répartir les tâches de manière fluide, chacun pouvant se concentrer sur ce qu’il maîtrise le mieux. Bien sûr, travailler à plusieurs peut parfois ralentir la prise de décision, surtout quand chacun défend sa vision ou son approche.
GUIDO: Quelles ont été les principales embûches lors de la réalisation de ton projet?
Mathieu: Les études… Elles ne sont pas du tout pensées pour entreprendre en même temps, ce qui est logique, mais même avec le statut étudiant-entrepreneur, lier les deux, c’est quasi impossible. Nous avons dû fonctionner à quatre dans le 'quadri KIWO' et, au lieu des deux semaines de blocus classiques, on a passé presque un mois à découvrir toute la matière et à essayer de grappiller un 10 aux examens.
GUIDO: Quelle est maintenant la suite pour KIWO?
Mathieu: Le gros souci, c’est le coût d’un KIWO, assez élevé pour de jeunes entrepreneurs comme nous. On a déjà une dizaine de clients qui attendent l’installation du distributeur, mais pour les satisfaire, il faut d’abord lever des fonds pour lancer la production et démarrer la machine pour de bon. Ensuite, on se concentrera sur le développement du réseau: trouver de nouveaux distributeurs, négocier des partenariats locaux et, à moyen terme, profiter de l’effet de volume pour réduire les coûts. À terme, l’objectif est de stabiliser la production, d’agrandir notre base de clients et d’envisager de nouvelles fonctionnalités ou extensions de la gamme.
Plus d'infos sur kiwo.be
Ses 3 conseils aux jeunes entrepreneurs
1. Fonce!
«Ose sortir de sa zone de confort et lance-toi avant d’atteindre cette "perfection" théorique. Plutôt que d’essayer de maîtriser tous les aspects de ton projet dès le départ, mise sur l’expérimentation rapide: propose une première version de ton produit ou service à de vrais utilisateurs, observe leurs réactions et ajuste immédiatement ton offre en fonction de leurs retours.»
2. Apprends de tes erreurs!
«Accepte d’emblée que tu feras des erreurs, et considère-les comme des occasions d’apprentissage. Chaque obstacle ou échec te donnera une indication précieuse sur les changements à opérer pour progresser. Plutôt que de craindre l’erreur, apprends à l’identifier, à en tirer des conclusions et à repartir aussitôt sur de nouvelles bases.»
3. Développe ton réseau!
«Veille à t’entourer des bonnes personnes, qu’il s’agisse de jeunes confrontés aux mêmes défis, de mentors expérimentés, de coachs ou d’autres entrepreneurs, ce réseau t’apportera du soutien, des retours critiques et des opportunités inattendues.»
N'hésite pas à venir rencontrer les créateurs de KIWO et découvrir comment postuler le 4 décembre prochain au BEL à Tour & Taxis lors du Future Generations Summit organisé par la Fondation des Générations Futures.