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06/06/2004

Abbas Bayat, Patron de Sunnyland et du Sporting Charleroi

Abbas Bayat est né dans la capitale iranienne, Téhéran, en 1947. Il a poursuivi ses études secondaires dans un pensionnat britannique et ses études universitaires aux Etats-Unis. Ensuite, il est retourné dans son pays de naissance pour de nouveau le quitter après la révolution.


En 1980, il a lancé une entreprise d'import et de consultante aux Etats-Unis. En 1987, il achète la marque belge Looza, qu'il revend en 1994 à Seagram, bien qu'il reste cependant dans la direction de l'entreprise. En 1997, il acquiert Chaudfontaine, le producteur d'eau wallon; en 1999, les jus de fruits Sunnyland et en 2000, l'eau anglaise, Ben Shaw. En 2003, il vend Chaudfontaine à Coca-Cola. Son entreprise compte désormais dans ses rangs les marques suivantes: Sunland (jus de fruits), Duke (eau), Lim’Oh (limonade), Parasol (limonade) et Aquaforce (boisson sportive). Elle emploie 400 personnes. Depuis mi-2000, il possède également une grosse partie du club de foot du Sporting Charleroi.

A la question de savoir pourquoi il vend et achète des entreprises si souvent, il répond qu'il est fort intéressé dans le management. "Nous sommes à l'affût des entreprises qui ne sont pas très bien dirigées ou qui ont trop peu de capitaux. Nous les développons, nous augmentons leur chiffre d'affaires, nous les rendons rentables, pour ensuite les revendre. Nous ne sommes pas une énorme multinationale, nous n'avons pas besoin d'un retour direct sur nos investissements. Acheter bon marché, revendre plus cher. Nous avons fait l'acquisition de Looza avec un chiffre d'affaires de 500 millions d'anciens francs belges. Lors de la vente, cinq années plus tard, le chiffre d'affaires s'élevait à 3 milliards de francs."

Pour Abbas Bayat, la vie et le travail sont une philosophie. Il est convaincu que le monde est en pleine crise et que l'on est face à un important revirement de la situation. Comme les changements et les crises existentielles que la philosophie étudie depuis quelques années. Voici donc quelques conseils d'un chef d'entreprise avec des racines en Iran, aux Etats-Unis et en Belgique.

Bayat: Je dis toujours à mes enfants qu'ils doivent constamment apprendre. Ils doivent rester curieux de tout. Le futur du monde sera complètement différent de ce que sont les Etats-Unis aujourd'hui. A partir du premier jour, on aurait pu prédire l'échec du communisme. Le capitalisme pur et dur subira le même sort. Un tel changement est déjà en train de se produire.

"Le capitalisme a pris trop d'ampleur"

Bayat
: Durant les dernières années, beaucoup d'entreprises ont grandi conséquemment. Ce qui a provoqué une séparation entre propriété et management, et donc des conflits d'intérêt. Cela a amené beaucoup d'écarts de conduite, comme chez Enron par exemple. Garder ensemble management et propriété aide car personne ne doit alors porter la responsabilité finale. Mais souvent, cela n'est pas possible au vu de la taille des entreprises. Le capitalisme a pris trop d'ampleur. Dans certains secteurs, il n'y a seulement que deux ou trois entreprises pour se faire la concurrence. Ce qui entraîne une augmentation des prix et l'incertitude de celui qui porte la responsabilité des faits.

Il est très important de considérer les entreprises comme des êtres humains, avec des buts matériels mais aussi avec des buts sociaux. Un homme n'est pas seulement apprécié à cause de son succès matériel, mais aussi par l'accomplissement des buts sociaux. C'est pourquoi il y a de la philanthropie, des fondations et des fonds. Une entreprise ne doit pas seulement tenir compte de ses actionnaires, mais elle doit aussi être attentive à la société qui l'entoure. Aux Etats-Unis, lors des dernières élections présidentielles, moins de la moitié des votants vont vraiment voter. Le président actuel a obtenu moins que le quart des voix potentielles. C'est ainsi que les gens se coupent de la société.

GUIDO: Et cette aliénation est liée à la crise du capitalisme?
Bayat
: Oui. J'ai lu récemment qu'ils cherchent un modèle économique alternatif en Suisse. Cette alternative est nécessaire. Cela n'est pas bon de mettre la richesse dans de moins en moins de mains.
Il y a maintenant des entreprises de 200.000 employés et un chiffre d'affaires de 150 milliards de dollars. Ce sont des bureaucraties. C'est aisément comparable au gouvernement classique, seuls les managers sont bien mieux payés. Des entreprises comme Unilever ou Coca-Cola sont plus grandes que nombre de pays. Elles ont des milliers d'actionnaires. Quand les cours des actions de ces entreprises sont en baisse, on restructure et on licencie. Les managers gagnent donc encore plus d'argent et le gouvernement doit payer les chômeurs supplémentaires. Le gouvernement est de moins en moins propriétaire des moyens de production. C'est alors au privé d'y participer encore plus. Quelqu'un doit bien payer la sécurité sociale, quelqu'un doit payer le minimum vital. S'il y a trop d'entreprises privées, on se retrouve dans une situation semblable à celle des Etats-Unis où 40-45 millions de personnes n'ont pas d'assurance-maladie. Ce qui veut dire que, quand ils sont gravement malades, ils ne sont pas en mesure de payer leur traitement. Si le gouvernement ne peut plus endosser cette responsabilité, c'est au secteur privé à prendre le relais.

GUIDO: Le football est-il la manière que vous avez choisie pour endosser votre responsabilité?
Bayat
: Oui. Chaudfontaine était une entreprise wallonne importante. Le football est une activité sociale importante, pour les jeunes et pour les supporters. Ils n'ont pas d'autre loisir ou vie sociale. A Charleroi, on a de 300 à 400 jeunes joueurs. Grâce à cela, ils s'éloignent de la rue, ils apprennent à se conduire en société et à se fixer des buts dans leur vie. Beaucoup de footballeurs talentueux viennent de milieux défavorisés. Il n'y en a pratiquement pas qui sont issus de familles riches. Ce qui est dommage, c'est que le secteur est corrompu et mal géré. C'est très difficile de même faire un statu quo. C'est très bizarre quand on voit les masses d'argent que ce milieu engendre. Mais, ces rendements ne sont pas correctement réinvestis dans cette activité.

(DDW)

Abbas Bayat en 5 citations

"Si tu m'avais demandé il y a 20 ans où je serais en 2004, la Belgique aurait certainement été la dernière de mes intentions."

"La chance est un facteur important dès le début de la vie: la famille dans laquelle tu nais, quelles chances tu obtiens? Que tu sois né à Tel Aviv ou dans un village palestinien, ça change du tout au tout."

"Un autre facteur important, c'est l'intelligence. Celui qui fait preuve d'intelligence est prévoyant. Il peut ensuite tirer profit de ces évolutions."

"Quand j'ai quitté l'Iran, je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire. Heureusement pour moi, j'avais une certaine instruction et des racines sociales telles que j'ai pu en retirer le meilleur."

"Apprendre à être tolérant me semble également primordial, dans ce monde multiracial. Les personnes d'origines différentes n'ont pas des qualités différentes. Les Belges appellent tous les noirs africains. Cela prouve une énorme lacune de connaissance sur les différences entre les africains."

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