Bourgmestre à 22 ans
Les étudiants reprochent souvent le manque de temps que leur accordent les études. Alors que la majorité d'entre eux n'ont même pas le loisir de se faire de l'argent de poche avec un job étudiant, d'autres se lancent dans une véritable carrière parallèle à leur cursus...
C'est le cas de Thierry Wimmer , 22 ans, en dernière année de droit à l' ULg et le plus jeune bourgmestre de Wallonie! Inutile de te dire que Guido s'est fait un plaisir de dénicher cet oiseau rare afin de voir comment il parvient à s'organiser entre ces deux "carrières".
Après quelques semaines en qualité de bourgmestre de Plombières, l'heure est venue de tirer un premier bilan avec Thierry Wimmer sur ses premiers pas sur la scène politique: « Je ne m'attendais pas du tout à être bourgmestre, les résultats des élections m'ont donc surpris étant donné que je n'avais jamais siégé au conseil communal. J'ai donc tout découvert d'un coup: le boulot de bourgmestre ainsi que celui de décideur politique au sein d'une commune. »
Des cadavres dans le placard
Malgré quelques "cadavres" retrouvés dans les placards de l'ancienne majorité, Thierry Wimmer avoue n'avoir pas encore rencontré trop de problèmes dans sa nouvelle fonction. « Tout se passe bien jusqu'à présent. Nous sommes six au sein du Collège à n'avoir jamais fait de politique, mais on a réussi à relever le défi. »
Mais comment un néophyte de 22 ans arrive-t-il à décrocher la timbale? Selon lui, la politique statique de l'ancienne majorité a généré un ras-le-bol parmi la population. C'est donc dans cette optique qu'il a créé un nouveau parti, Union pour le Renouveau à Plombières , avec la volonté d'apporter de nouvelles idées. « J'étais entouré de personnes assez connues (dans le milieu associatif par exemple), ce qui a séduit une bonne tranche de la population qui a réalisé que l'alternative était possible. On a peut-être gagné les élections à 20% grâce à notre programme, mais surtout à 80% à cause des autres! »
Etudiant en droit en dernière année, Thierry Wimmer n'a pas hésité longtemps avant de se lancer dans la course politique, entraîné par l'envie de changer les choses et d'apporter un renouveau au sein de sa commune. « J'ai un peu hésité, mais à ce moment-là, j'espérais avoir un ou deux sièges au maximum, ce qui signifiait une ou deux réunions par mois, donc pas très handicapant pour mes études. » Pourtant, le résultat a été au-dessus de ses espérances et il a été bien obligé de combiner la fonction de bourgmestre à ses études: « Les études en droit sont assez souples. Ce n'est donc pas impossible à concilier. »
Une standing ovation dans l'auditoire
Un étudiant bourgmestre, c'est pas ce qu'il y a de plus fréquent. Alors que certains sont plus occupés à peinturlurer leurs tablards ou à perfectionner leur technique d' à-fond , Thierry Wimmer , lui, a choisi la politique. Au sein de son auditoire, les étudiants étaient au courant de son projet et donc curieux d'en connaître le résultat. Tous devant leurs écrans le soir des élections, ils étaient impatients d'en découvrir le dénouement. « Le lundi suivant, les applaudissements ont fusé dans l'auditoire. C'était un réel moment de joie. »
Du côté des professeurs, les encouragements et les félicitations ont fait place à des clins d'œil « lorsqu'ils parlent par exemple de la compétence du bourgmestre dans telle ou telle matière ». Tandis que même s'il fréquente moins les cours, l'échec n'est pas pour autant au rendez-vous. C'est de toute façon la dernière année pour Thierry Wimmer , souvent plus allégée que les autres.
Cependant, si l'Université de Liège apporte son lot de théorie, la pratique lui faisait un peu défaut. Il a par exemple pu observer grâce à son poste de bourgmestre comment les lois (dont il n'avait étudié que la théorie) étaient appliquées sur le terrain, un atout non négligeable en marge de ses études qui lui permet d'aborder la matière différemment.
Une soirée boulettes au lieu d'une guindaille
« Le lundi et le vendredi sont des jours plutôt réservés à l'université tandis que le mercredi est réservé au conseil communal. Le reste du temps, mon job consiste à prendre des rendez-vous avec des citoyens, des instances, etc. Il y a également des tas de missions quotidiennes de lecture de documents, de signatures de contrats, … » Un des points principaux du métier de bourgmestre est la représentation: « La commune de Plombières à une vie associative très développée. Ce qui veut dire que je me retrouve souvent les week-ends dans des concerts de fanfares du coin ou un souper boulettes pour le club de football alors qu'un autre jeune passerait lui son temps à guindailler ou aller au cinéma. » En parlant de guindailles, est-ce bien raisonnable pour un bourgmestre de se retrouver dans une bibitive ou une autre activité étudiante du même acabit? « Je n'ai pas fait mon baptême. Par contre, on a passé quelques soirées mémorables dans mon kot. Je n'ai cependant jamais été un guindailleur , à sortir dans le Carré chaque semaine. »
Pour revenir à des sujets plus sérieux, nous nous sommes intéressés aux trois axes principaux de la politique du nouveau bourgmestre. Premièrement, il accorde une grande importance à la citoyenneté (« l'ancien bourgmestre (de 62 ans) travaillait dans son coin et ne consultait pas vraiment la population, ce que j'essaie au contraire de faire du mieux que je peux ») et se donne pour but de rajeunir la commune et d'encourager le dialogue avec les citoyens. Ensuite, il essaie de redynamiser l'économie et les industries de la commune de Plombières. Enfin, l'enseignement est l'un de ses principaux chevaux de bataille. Il essaie donc de favoriser les investissements dans les bâtiments scolaires.
Mettre les points sur les "i"
Même s'il ne paraît pas physiquement ses 22 ans, Thierry Wimmer n'a jamais caché son âge à ses collaborateurs. Loin d'être un inconvénient, il a tourné celui-ci à son avantage et n'a pas rencontré de problèmes avec d'autres élus vis-à-vis de sa relative jeunesse. « Je n'ai jamais caché mon âge lors des débats télévisés, les gens étaient donc au courant. C'est quand même un petit peu particulier que ce soit le plus jeune qui dirige une équipe de 170 personnes. Mais j'arrive sans problème à mettre les points sur les "i", je n'ai donc pas de soucis à me faire entendre. »
Comment voit-il maintenant son avenir? « Avec une femme et des enfants! (rires) » Mais sur le plan professionnel? « J'espère conserver mon poste à la commune le plus longtemps possible, apporter du changement. » Et au niveau politique? Le fédéral? « On me le demande souvent. Mais, vu que je n'ai aucune tendance politique particulière, je n'y pense pas. Je préfère nettement avoir un ancrage sur le terrain et en apprendre plus sur le métier avant d'y réfléchir plus sérieusement. »
(SD)