FRANK DE WINNE: «Un astronaute débutant gagne autant qu'un ingénieur. Pas plus, pas moins.»
L'Agence Spatiale Européenne ESA est actuellement à la recherche de quatre nouveaux astronautes pour renforcer son personnel de plus en plus vieillissant. Nous avons donc rencontré l'astronaute belge Frank De Winne (47 ans) qui, en mai 2009, s'envolera pendant six mois sur la Station Spatiale Internationale ISS.
«Le principal est de continuer soi-même à y croire,» nous explique Frank De Winne. «A l'époque, quand je racontais à mes amis que je m'étais inscrit aux tests de sélection pour devenir astronaute, je pouvais lire le scepticisme sur leurs visages. C'était en 1990, et je n'ai pas été retenu. 'Tu vois', qu'ils m'ont alors répliqué. Pourtant, huit ans plus tard, j'ai de nouveau tenté l'aventure et cela a finalement payé. Parce que j'ai continué à y croire.»
Devenir astronaute était-il un rêve d'enfant? Frank De Winne: «Pas vraiment. Ce n'est que quand j'ai vu une navette à la télé que j'ai commencé à avoir envie de devenir astronaute. En ce temps-là, je suivais une formation de pilote à l'Ecole Royale Militaire. J'ai alors envoyé une lettre à la NASA, surtout parce que je ne connaissais pas l'existence de l'ESA. (rires) On m'a gentiment répondu que j'étais encore un peu trop jeune. Plus tard, j'ai vu dans le journal une publicité pour l'ESA à laquelle j'ai réagi. C'est alors que tout s'est enclenché pour moi.»
«Pour devenir astronaute, il faut en premier lieu avoir fait les études adéquates. Nous recherchons des ingénieurs, des docteurs, des pilotes… En bref: des jeunes de milieux scientifiques. Si ta seule motivation est de vouloir absolument aller dans l'espace, tu n'es pas fait pour le job. Un astronaute passe le plus clair de son temps sur terre et ce travail est tout aussi fascinant. Cependant, si on t'autorise à aller dans l'espace, c'est bien entendu la cerise sur le gâteau. Voir notre planète d'en haut, pouvoir se rendre compte de sa vulnérabilité de ses propres yeux, c'est quelque chose qui reste gravé dans la mémoire. Eh oui, il y a des chances que l'un des quatre astronautes que l'on va recruter se retrouve un jour sur la lune!»
Est-il vrai que tous les astronautes de l'ESA doivent parler le russe? «Oui, mais ce n'est pas insurmontable. Dans notre Station Spatiale Internationale, il y a deux langues officielles: l'anglais et le russe. Quand j'ai débuté la procédure de sélection, je ne parlais pas un seul mot de russe, mais tu peux apprendre pendant la formation. Honnêtement, quand je vois comment les Chinois développent leur programme spatial pour le moment, je pense qu'il serait aussi bien pour les astronautes du futur d'apprendre également cette langue. En fait, les gens qui travaillent à l'ESA n'arrête jamais d'étudier. Moi-même, je dois passer des examens tous les mois.»
Encore une question pour conclure: s'envoler dans l'espace, est-ce que cela rapporte bien? «Un astronaute débutant gagne autant qu'un ingénieur engagé par l'ESA. Pas plus, pas moins. Et tu ne gagnes pas de bonus si tu es sélectionné pour une mission spatiale. Il existe bien sûr une compensation pour le temps que tu passes éloigné de chez toi, mais cela est valable pour tous les employés de l'ESA qui se voient obligés d'aller travailler à l'étranger. Si vous voulez vraiment savoir combien gagne un astronaute, je vous conseille de consulter nos grilles de salaires sur le site Internet de l'ESA. Les quatre nouveaux astronautes commenceront dans la catégorie de salaire A3.» Ce que nous avons immédiatement vérifié: un jeune astronaute de l'ESA gagne entre 5290 et 6090 euros par mois.
(HDP)
Tu peux postuler au job d'astronaute sur www.esa.int / astronautselection