MON JOB D'ÉTUDIANT: Aux pompes funèbres
Au cours de cette année académique, nous partons à la rencontre de jobistes étudiants à travers le pays. Pour en savoir plus sur leur expérience et leur quotidien. Pour ce numéro, nous avons rencontré Edwin qui a effectué un job d'étudiant assez insolite dans différents établissements de pompes funèbres dans la région de Liège.
Prénom: Edwin
Âge: 21 ans
Études: Bachelier en droit à l’ULiège
Job: Employé aux pompes funèbres
Pourquoi?
Edwin: «En cherchant simplement sur le site student.be, je suis tombé sur cette annonce qui indiquait simplement qu’il fallait accueillir les personnes (vivantes) et nettoyer les salons mortuaires. Il y avait une promesse d’un horaire modulable et dans ma tête, j’allais toucher un bon salaire vu l’endroit inhabituel.»
Premier jour?
Edwin: «Le premier jour, c’est une sorte de femme d’entretien qui m’ouvre et m’explique vite fait ce que je dois faire, mais pas en détails. Je me suis donc retrouvé seul avec un cercueil sur les bras et des gens qui arrivaient pour les visites. C’était assez stressant en effet. Pour les enterrements, le patron est directement venu m’aider et pour le corps à aller chercher, j’étais avec mon collègue.»
Journée-type?
Edwin: «Disons qu’il y avait deux types de journées, les enterrements et les visites. En ce qui concerne les visites, c’était le plus facile. J’arrivais vers 16 heures et je mettais tout en place dans le salon mortuaire. Pour les enterrements, je devais me rendre au funérarium où reposait le défunt environ 30 minutes à l’avance pour préparer le départ, voir avec les familles ce qu’elles désiraient comme musiques pour l’enterrement, s’il y avait des croyances particulières, que l’on me briefe sur quoi faire et ne pas faire. Ensuite, je transportais le cercueil dans le corbillard avec un responsable à mes côtés, et nous déposions le cercueil dans le lieu de culte. J’attendais généralement dehors le temps que la cérémonie se déroule puis on récupérait le cercueil pour l’amener au cimetière.
Qualités développées pour ce job?
Edwin: «Gestion des émotions, gestion du stress et empathie évidemment.»
Avantages?
Edwin: «Horaires très flexibles et disons que les défunts n’étaient pas très difficiles…»
Inconvénients?
Edwin: «C'est un job pas vraiment joyeux, assez ennuyant quand même car il y a beaucoup de temps morts. On m’appelait parfois la veille à 22 heures pour travailler le lendemain, donc c’était assez difficile de s’arranger. Puis l’ambiance n’était pas très fun.»
Réactions des autres étudiants?
Edwin: «Ils avaient beaucoup de questions sur ce que je faisais, me demandaient comment j’arrivais à faire un job aussi étrange et pourquoi je ne bossais pas simplement au Quick ou chez Carrefour comme tout le monde. Beaucoup de vannes aussi, que je ne divulguerai pas ici par simple respect des défunts, de leur entourage et du travail très difficile qu’est celui d’employé de pompes funèbres (même si je vous l’avoue, elles étaient vraiment drôles).»
«La première fois que je me suis retrouvé nez à nez avec une personne décédée…»
«Un beau jour, mon collègue me demande si je peux rester après une visite. Chose que je fais évidemment. Du funérarium, nous montons dans une grosse camionnette et il m’annonce que l’on va chercher un cadavre… Il faut savoir que ce n’était pas du tout précisé dans l’annonce que j’allais devoir faire ça. En plus, ça faisait seulement deux semaines que je bossais là et qu’on ne m’avait jamais demandé si j’acceptais de faire ça ou non. En arrivant à l’hôpital dans la salle des défunts, on découvre donc le mort en question et mon collègue me lance des gants et des vêtements en me disant en rigolant «Bon ben, on l’habille ou quoi?» ou «Évite de tomber dans les pommes, hein»… Apparemment, c’était déjà arrivé à d’autres. Et d’un coup, il ouvre le sac mortuaire et je tombe nez à nez avec une personne décédée depuis peu, encore toute 'chaude' que je devais habiller de la tête aux pieds. Mon collègue ayant l’habitude de faire ça l’empoigne directement pour lui enfiler son pantalon, puis voyant que je ne bouge pas (j’étais quand même un petit peu réticent, je pense que ça peut se comprendre), il me demande de l’aider. Il faut savoir: une personne décédée depuis peu a toujours des sortes de reflexes et ses tendons sont plus ou moins durs. Je ne vous raconte pas ma tête quand, en lui enfilant ses chaussettes, j’ai reçu un coup de pied en déposant sa jambe sur le lit car cette dernière s’est dépliée toute seule. Je vous passe les détails, mais il y a plus comique comme fin de soirée…»