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03/03/2003

GRAN TURIST : Tom travaille chez PlayStation à Paris

"Ne vous faites pas d'illusion: les testeurs de jeu ne tiennent pas le coup plus de 3 mois."
Une campagne d'affichage de l'Office régional bruxellois de l'Emploi a lieu dans le métro à Bruxelles. Une jeune dame noire attirante est couchée sur son lit, sur le ventre. Ses pieds brimbalent alors qu'elle est en train de manipuler un joystick, elle joue à un jeu vidéo. Les yeux grand ouverts de la jeune femme fixent l'objectif de l'appareil photo: le titre de l'affiche nous dit: "Saviez-vous que vous pouvez en faire votre métier?" Travailler dans l'industrie du jeu, de quoi donner des pollutions nocturnes à tous les drogués du jeu!

Nous n'avons pas pu dégotter le numéro de téléphone de cette appétissante gazelle, en revanche, nous avons eu les coordonnées d'un jeune habitant de Vilvorde, qui a fait la totale chez PlayStation. Tom Robberechts a 27 ans, il est néerlandophone et a fait ses études d'ingénieur commercial en français à l'ICHEC, à Bruxelles. Il est aujourd'hui software group manager chez Sony PlayStation à Paris. Who watches the watchmen? Jobwatch!


De stagiaire à manager

Tom: Lorsque j'étais étudiant, j'ai travaillé tout un temps pour le magazine de musique Out Soon. J'étais responsable des interviews des DJ's et autres musiciens, et j'organisais des voyages pour les lecteurs qui voulaient participer aux grands événements en Allemagne. Petit à petit, j'ai commencé à me charger de trouver des annonceurs pour ce magazine, c'est ainsi que j'ai été amené à prendre contact avec Sony PlayStation. J'étais, alors, un grand passionné de jeux vidéo et j'étais d'avis qu'ils devaient également faire de la publicité dans le magazine. J'ai donc pris des contacts via la rubrique consacrée aux jeux, et lorsque je suis entré en dernière année à l'ICHEC, je devais me trouver un stage. Je suis directement allé frapper à la porte de chez Sony PlayStation pour demander s'il était possible de faire un stage de deux mois, et ils m'ont accueilli à bras ouverts. En tant que stagiaire, je faisais un peu de tout: de la préparation de diaporamas au test de jeux vidéos, en passant par la présentation de nouveaux jeux aux journalistes. Mon diplôme en poche, j'ai directement été engagé chez Sony PlayStation en tant que marketing assistant. Après quelques mois, j'ai reçu une promotion et suis passé product manager. J'étais, à l'époque, responsable de l'ensemble des aspects marketing relatifs aux nouveaux jeux vidéos pour le Benelux: créer les annonces, élaborer les promotions et essayer d'établir des collaborations de la part des médias. Mon temps était partagé entre la Belgique et les Pays-Bas. J'ai exercé cette fonction pendant deux ans, après quoi j'ai obtenu un poste chez Sony PlayStation Europe à Londres. J'y ai travaillé sur des jeux de course pendant un peu plus de 6 mois. Mon plus grand projet fut WRC,World Rally Championship. Une aventure passionnante, eu égard au fait que j'étais impliqué dans le projet dès le départ. Nous avons d'abord dû signer des contrats avec la FIA et le FOM (Formula One Management), les organisations propriétaires du WRC. Ensuite, j'ai prêté main forte aux développeurs pour la réalisation du premier jeu. J'allais également discuter avec les pilotes et les techniciens pour qu'ils m'expliquent ce que les rallyes avaient de si spécial. Nous avons essayé de faire ressortir cette impression le mieux possible au travers du jeu.

GUIDO: Avez-vous également fait tester WRC par de vrais pilotes de rallyes?

Tom: Absolument, et ils ont trouvé ça très agréable. La critique principale qu'ils formulaient à l'égard des autres jeux de rallye était que le son était mauvais, et que la conduite des voitures manquait de réalisme. Lorsque notre produit fut terminé, nous les avons invités pour une séance de test, et ils ont trouvé le jeu fantastique, a plus forte raison parce qu'ils reconnaissaient leur propre voiture au bruit du moteur, lors des changements de vitesse, etc.

Comme mon premier jour d'école

GUIDO: Entre-temps, vous avez déménagé de Londres pour vous installer à Paris.

Tom: Oui, depuis un an, je suis software group manager pour Sony PlayStation France. Une équipe de 65 personnes au total, et je suis responsable d'un groupe de six personnes. Mon équipe est responsable du marketing autour des jeux lancés en France. Nous prêtons notre concours pour la conception et la réalisation de la publicité: pour la télévision, la radio, et les campagnes d'affichage… Chez nous, toutes les informations sont transmises à l'équipe de vente, et mon équipe est responsable de tout ce qui touche de près ou de loin au sponsoring. Je supervise et suis chargé d'accorder les budgets, ce qui, dans notre groupe, équivaut à quelque 18 millions d'euros par an. Nous devons, bien entendu rendre des comptes à notre quartier général de Londres.

GUIDO: À quoi ressemble une journée de travail typique?

Tom: Je ne commence que vers dix heures, dix heures et demie. Je ne carbure par trop bien le matin, par contre, je travaille très tard. La plupart du temps, je fais le point de la situation avec un ou plusieurs collaborateurs de mon équipe, pour voir où ils en sont dans leur travail, et pour les motiver. Et ensuite des réunions, quoi. Beaucoup de réunions, avec des organisations telles que la FFSA, la Fédération française des Sports Automobiles…

GUIDO: Ah, donc en France, tu travailles également sur des jeux de course?

Tom: Oui, je suis toujours directement responsable des trois jeux de course WRC, Formula 1 et Gran Turismo. Voilà, puis, déjeuner d'affaires, le plus souvent avec des médias qui veulent nous vendre de l'espace publicitaire. En France, le tout est immanquablement aux plaisirs d'une bonne table (rires). L'après-midi, je travaille le plus souvent sur des budgets et nous nous réunissons en équipe dans le but de trouver des idées pour la promotion des jeux. Mais je voyage également énormément, il est donc difficile de vous décrire une journée de travail typique.

De l'éthique professionnelle japonaise

GUIDO: Sony est une entreprise japonaise. Avez-vous dû vous adapter à l'éthique professionnelle japonaise?

Tom: Pas vraiment, parce que le grand patron de chez Sony PlayStation, présent dans le monde entier, est toujours très prudent. Son credo est que PlayStation est un produit avant tout destiné à s'amuser. Qu'il doit être développé sur place et bénéficier d'une petite couleur locale. De ce fait, nous sommes très peu influencés par notre quartier général au Japon. D'un autre côté, je m'y rends souvent et suis, par conséquent, naturellement confronté aux réunions japonaises typiques. Vous êtes assis face à dix personnes dont seulement une d'entre elles a la parole, et aucune décision n'est jamais prise au cours d'une réunion.

GUIDO: Bruxelles, Hilversum, Londres, Paris, Tokyo… Cela n'affecte-t-il pas trop votre vie privée?

Tom: Sur le plan personnel, c'est très difficile, c'est une chose certaine. Quand j'étais gamin, comme mon père devait souvent déménager à l'étranger pour son boulot, je voyageais déjà pas mal. J'ai vécu aux États-Unis et dans le Sud de la France, ce qui impliqua des changements d'école, et j'y étais en quelque sorte habitué. Lorsque vous débarquez dans un autre endroit, vous vous sentez un peu comme si c'était votre tout premier jour d'école. Il est également très pénible de devoir chaque fois trouver un autre appartement, pour retrouver un peu ses habitudes… J'ai souvent le mal du pays, ma famille et mes amis me manquent, mais le tout est compensé par un job passionnant et stimulant. Puis, le week-end, je rentre souvent en Belgique pour voir tout le monde.

The Liverpool Connection

GUIDO: Ce serait bien si vous pouviez lever le voile: est-ce que vous payez réellement des gens pour jouer à des jeux vidéo?

Tom: (rigole) J'ai des amis qui apprécient également les jeux vidéos et qui me posent souvent la question. Ça doit être super d'être payé pour tester des jeux vidéos! Eh bien, je n'en suis pas si certain. Imaginez un peu que vous soyez payé pour jouer huit heures par jour avec le même jeu vidéo, et ce durant deux semaines d'affilée. Tenez, je vais vous expliquer comment ça se passe: les jeux sont conçus par des développeurs. C'est-à-dire par des développeurs qui travaillent chez nous, en interne, ou alors par des studios extérieurs tels que Electronic Arts, Codemasters, Infogrames, etc. Une fois que le jeu est prêt, avant de l'envoyer à notre usine en Autriche pour en presser 800.000 exemplaires sur CD, les jeux doivent être "quality approved ". C'est la raison pour laquelle nous les envoyons à Liverpool, dans un grand bâtiment où une centaine de testeurs sont occupés à jouer. Pendant deux semaines, ces derniers ne vont rien faire d'autre que de jouer avec le jeu et tester sa qualité. Le personnage ne doit pas rester bloqué à certains endroits. Le véhicule doit passer correctement par tous les portails. Nous devons également vérifier que le code du jeu est suffisamment stable à certains endroits car, dans le cas contraire, le jeu pourrait planter... Les tests sont d'une importance capitale. À l'issue des tests, l'ensemble de ces jeux doit être stable de sorte que vous ne soyez jamais amenés à redémarrer votre PlayStation 2, etc. Mais ne vous faites aucune illusion là-dessus : les testeurs de jeux ne tiennent le plus souvent pas le coup plus de 3 mois d'affilée. Ce sont des passionnés de jeu qui débarquent pleins d'enthousiasme et d'énergie, mais ils tiennent six mois au maximum, parce que le boulot est épuisant.

Herbert De Paepe

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